mardi 10 août 2010

Ça part en sucette!


La novillada de Margé, à Bayonne, ce lundi 9 août, outre une faiblesse accablante (à une exception près où l’anémie fit place à une puissante couardise), étala une fadeur démoralisante. Un lot insipide de mauvaises soldes à oublier rapido presto.
Pour ce qui est des jeunes toreros, disons qu'ils firent leur possible pour animer ce lot chamallow.
Patrick Oliver (épinards surgelés Picard et or) possède un fond de tauromachie très classique auquel il ne semble pas faire entièrement confiance pour triompher. Il eut trop vite recours à une tauromachie dite spectaculaire (circulaire inversée, etc...) qui le détourna de son toreo plus fondamental. C’est, très exactement, ce que nous appelons le formatage. Patrick Oliver est à l’étroit dans ce moule-là. Sa tauromachie a besoin de la liberté d’exister en dehors des chemins de la mode qui conduisent, soi-disant et malheureusement, aux trophées. À lui de s’imposer dans sa singularité.
Thomas Joubert (lilas du jardin de mon grand-père et or), « triomphateur » du jour, est d’évidence un torero varié, audacieux et enthousiaste. Je suis pourtant resté sur ma faim. Est-ce dû à une habileté qui préfère, parfois, l’éclat à la valeur ? Le jeune homme est sympathique, c’est agréable, mais il manque de secret, de mystère. Par exemple, son geste d’appel aux applaudissements lorsqu‘il attend à genoux, en puerta gayola, assure le spectacle, mais, en même temps, il fait perdre de l’importance à son acte, il le banalise. Tout cela mériterait de se resserrer, de se tenir, de se centrer. Parce que l’on attend d’un torero qu’il parle de lui mais qu’il raconte aussi la tauromachie, qui est plus grande que lui.
Thomas Duffau (Midas pâli et or) a, déjà, l’allure des toreros consacrés par l’époque. Sa gestuelle, son toreo, sa présence en piste, tout respire la panoplie du torero d’aujourd’hui. Une sorte de clone, un duplicata. Ça sent l’alternative à Nîmes ou à Mont-de-Marsan, avec figuras. Thomas Duffau mime, fort bien, la tauromachie d’aujourd’hui. Mais sa personnalité ? Ce qui le fait différent des autres ? Il est un peu cruel d’écrire cela car le garçon risque sa vie devant les novillos et travaille sûrement dur pour parvenir à ce résultat… Mais, s'il-vous-plaît, messieurs les coachs, conseilleurs et autres managers du staff qui l’entoure, ne cherchez pas à lui faire rejoindre le peloton mais aidez-le à développer en lui ce qui permettra de s’en détacher. Pas forcément parce qu’il sera meilleur, mais parce qu’il sera différent. Travaillez la différence ! Ce qui creuse l’écart. Pour cela, il faut renoncer à toute une posture qui, elle, fonde la mode. Et qui demande des qualités et du boulot mais qui gomme ce qui fait la singularité (qui se nourrit aussi des défauts).
Le moins : un logique tiers d’arènes , vu le jour et l’heure. Pourquoi pas une programmation en nocturne au cœur de la féria ?
Le plus : des tarifs très abordables : 15€ une excellente place au soleil.
<!--[if !supportEmptyParas]--> <!--[endif]-->

5 commentaires:

  1. à quelques minutes près deux articles sur le même évènement avec pas mal de similitudes

    RépondreSupprimer
  2. En accord avec le Papa Gato, je "travaille la différence" en faisant le choix de ne rien écrire sur cette novillada.

    Une novillada que je vais oublier très très très vite.

    RépondreSupprimer
  3. Trés bon article comme d'hab! L'analyse sur les 3 novilleros même si elle peut paraître dure, me semble pour les avoir vu tous les 3 assez exacte. Leur avenir à tous les 3, on verra bien...
    Muriel Patole(source facebook)

    RépondreSupprimer
  4. Tout cela ne me surprend guère quand on sait que ce cartel ressemble très fortement à un échange de bon procédés entre apoderados/empresas. Robert Margé (Béziers) case un lot à Bayonne et en échange prend Patrick Oliver (apoderado Baratchar...t directeur des arènes Bayonne) en contrat à la feria de Béziers. Ce même Patrick Oliver a fait le paseo cette saison à Arles et Nîmes donc il faut bien faire rentrer Thomas Joubert (proche de la famille Jalabert tenancière des arènes d'Arles) et Thomas Duffau (poulain de Simon Casas, tenancier de Nîmes entre autres) dans le cartel de cette feria bayonnaise. Les dindons de la farce c'est nous les aficionados, car on revoit la même affiche toute l'année et des tauromachies et des styles qui ne varient pas d'un iota. Nîmes le 13/05, toros de différents élevages français pour P Oliver, T. Joubert, T. Duffau... Bayonne le 09/08, toros de Robert Margé pour P. Oliver, T. Joubert, T. Duffau... Béziers 15/08, toros de Pagès Mailhan pour P. Oliver, T. Joubert, T. Duffau... Regrettable pour l'aficionado (comme moi notamment) qui part à la découverte de nouveaux talents dans ces novilladas piquées et novilladas non piquées (où le phénomène commence à devenir le même avec des cartels identiques de ville en ville)... Pour avoir vu quelques novilladas de bonne facture cette année et eu pas mal d'échos de quelques autres, que fait on d'un français comme Mario GUIRAO notamment pour commencer... Un seul contrat cette année, des espoirs et des toros plein la tête de son côté! Je ne parle pas de certains espagnols comme Esau FERNANDEZ vraiment en forme (il a eu largement sa chance dans notre pays cette année), Alberto LOPEZ SIMON (véritable espoir tauromachique), Alejandro ENRIQUEZ (futur grand d'Andalousie), Mario ALCALDE (une qualité vraiment sincère muleta en main). Même en Amérique du Sud et je pense là au jeune mexicain Sergio FLORES (un paseo et blessure à Céret cette année et un paseo à venir à St Perdon en fin de mois) sont des garçons ultra plaisants à regarder...
    Tout cela pour dire qu'il y a largement de la ressource dans la petite planète novilleril pour ne pas nous reservir à chaque feria de première le même cartel à peine dépoussiéré en changeant l'élevage... Mais cela dans l'optique et la logique toro business relève de l'utopie générale et c'est bien dommage!!!
    Je suis par contre content que les élevages de ces spectacles soient français, c'est une juste reconnaissance de leur travail et même si le lot de Margé fut apparemment décevant à Lachepaillet sur l'ensemble de la temporada, le bétail français sort bien... Je pense que le lot de Pagès Mailhan dimanche à Béziers viendra me donner raison...
    Un peu long je vous l'avoue, mais je tenais vraiment à vous livrer mon analyse...
    Bastien Filhol (source facebook)

    RépondreSupprimer
  5. Très bonne analyse de ce qu'est la tauromachie actuelle, ou plutôt de ce qu'en font les organisateurs.

    Les arènes françaises se renvoient la balle pour donner des contrats à leurs poulains respectifs, c'est de bonne guerre, mais ça rend effectivement les novilladas beaucoup moins intéressantes.

    L'inattendu, le surprenant peine à trouver sa place dans les arènes.

    RépondreSupprimer