samedi 6 novembre 2010

La corne est triste

Ce matin je me réveille d’humeur maussade.C’est un de ses matins où on sait par avance que jusqu’au bout de la nuit l’angoisse du lendemain vous tenaillera.
Vomir son trop plein d’idées grises c’est peut-être un remède!
Je repense à la saison tauromachique.Bien des semaines que les toros n’avaient plus occupé mon esprit.
Pourquoi avoir eu cette envie de tout couper ?
Le côté rebelle et incorrect de cet art, son rapport à la mort, à la cruauté, ce rappel permanent de la dureté de la vie qui nous saute à la gueule m’ont toujours attiré en tous les cas beaucoup plus que les vertus de noblesse, bravoure et toutes les qualités dont beaucoup d’amateurs parent ce spectacle dans un grand élan moralisateur et rassurant.
Or qu’ai-je donc vu cette année ?
-des toros abâtardis par tant d’expériences menées par des apprentis sorciers. Des animaux édulcorés réduits au rang de machines à charger sans aspérité.La sauvagerie déformée par le prisme du commerce des hommes
-des toreros qui se perdent dans une recherche quoiqu’ils en disent mercantile de domination de la profession. Des cachets indécents pour des après midi bien grises. Du travail répétitif négation de la création, des faenas à la chaîne au service d'une tauromachie industrielle.
-des organisateurs qui cèdent aux caprices économiques des stars actuelles pour tenter de remplir à tout prix leurs arènes et qui rançonnent à des prix exorbitants les aficionados qui pour beaucoup finissent par vivre par procuration leur passion.
-des aficionados, divisés quelquefois intolérants dans des querelles de chapelle stériles et qui ont pris sans broncher dans le museau l’interdiction catalane. Crier avec les loups, une fois le mal fait nous a peut-être soulagé mais le courage nous a bien manqué pour défendre à temps cette culture taurine dont on aime à rappeler sans cesse depuis l’existence.
-des abrutis qui au nom de la cause animale finissent par perdre leur propre humanité en dégueulant leur haine sans discernement. La radicalisation comme seul moyen de défense, un terrorisme de l’esprit et de la pensée.
Alors bien sûr au fil de la saison les quelques trop rares bons moments vécus ici ou là maintiennent en vie notre aficion afin qu'elle ne se repaisse pas sans cesse de souvenirs anciens.
Et pourtant, le triomphalisme ambiant qui règne dans certaines arènes, l'inflation des trophées et les succès à bon compte rassurent , calment l'angoisse et masquent la peur devant tant de médiocrité et d'aseptisation.
La corrida peine à assumer sa barbarie et son anachronisme
Ce n'est pas un produit culturel de consommation courante, aller aux arènes doit continuer à nous secouer les tripes, à nous déranger l'âme.Aller aux corridas c'est aimer la vie, c'est croire en l'humanité. 
La recherche de plus en plus affirmée d'un politiquement correct et justifiable si elle continue fera perdre tout son sens à l'acte de s'asseoir sur des gradins.
Aujourd'hui la corne est triste hélas, et les clameurs se sont tues.
Quand reviendra le printemps, les idées clarifiées et la conscience en éveil sera venue l'heure de faire le choix de revenir  aux arènes.
Que cet éventuel retour ne soit pas une simple fuite en avant vers des lendemains que nous espérons chantants mais un acte militant empreint d'exigence immédiate.

4 commentaires:

  1. encore une fois votre commentaire est realiste et o combien juste ,petit a petit l'afficionado se détournera des arénes qui ne lui donnent plus ce qu'il recherche mais ou il paye tres chere l'entrée pour ne rien voir de ce que j'appelle la tauromachie
    merci de vos commentaires

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  2. C'est mon sentiment aussi, aller aux arênes me bouleverse à chaque fois, même aprés 50 ans d'aficion !
    depuis plusieurs années, le même question : j'y vais ou pas ? Et j'y retourne forçément !
    Mais cette année, on a atteint des sommets dans la médiocrité et le mercantilisme et dois-je continuer à cautionner celà, à 40 euros la fesse, je peux légitimement me poser la question !
    Il me reste quelques mois "d"hibernation" pour décider si ce qui m'attire le plus dans la corrida c'est son côté subversif et politiquement incorrect ou son gout âcre de sueur et de sang ...

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  3. "Les sanglots longs des violons de l'automne..."
    La corrida c'est un peu comme les voyages: on s'emporte toujours soi-même dans les valises. Ce que nous retrouverons, dans les arènes, au printemps prochain, c'est d'abord nous-même.Et le goût de la corrida aura celui que nous aurons dans la bouche.
    Alors, mettons à profit l'hiver pour faire du yoga, travailler la pensée positive et s'entraîner à "disfrutar" de la vie, des toros et des hommes.
    Pour qu'éclose, le soleil revenu, une belle aficion, pleine de santé, d'illusion et de désir.
    Les toros seront tels qu'ils seront, les toreros aussi, les marchands n'auront pas changé d'un pouce... Mais nous, nous serons combattifs, exigeants et enthousiastes. Parce que, en ces temps troublés, nous aurons le courage d'être gais.

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  4. mais oui Papa Gato, guerre à la tristesse !

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