dimanche 4 octobre 2020

Campo abierto!

Cette odeur âcre du cigare qui se consume et se mélange au parfum, fleuri et entêtant, de la voisine de tendido.
Cette chaleur du mois d'août qui t'enveloppe avant qu'une brise marine annonçant l'orage te fasse frissonner.
Cette tension palpable qui te prend au moment du paseo dont la musique résonne comme les trois coups du brigadier laissant le rideau s'ouvrir.
Ces couleurs vives, ces odeurs fortes qui enivrent, ces rencontres de bistrots éphémères en périphérie des arènes...
2020  est une parenthèse désenchantée, qui bouscule le cours de nos existences.
Seul l'esprit parfois vagabond nous rappelle ces petites madeleines dont les recettes varient et nourrissent à tout coup.
L'aficion à los toros,  ma culture ? C'est bien plus que ça...Une tranche de vie, un art de vivre plus que de mourir n'en déplaisent aux fâcheux!
Alors je l'ai espéré cette délivrance d'un retour qui se voulait à la normale...
Puis brutal retour au principe de réalité , un avant qui n'est plus qu'un souvenir et un après âpre, acide, incertain.
Privée d'oxygène , bridée par les interdits , étouffée par ses propres  carcans, la tauromachie se débat dans un désespoir d'une douloureuse intensité.
Je m'y perds dans ma propre aficion.
En tauromachie d'où peut venir le plaisir? Peut-il s'affranchir du superflu, voire du clinquant au profit d'un jansénisme doctrinal? Doit-il rester fidèle à ses principes fondateurs ou bien évoluer avec son temps pour tenter de survivre en ces temps devenus hostiles?
Doit on faire l'économie de creuser des pistes de réflexion pour faire évoluer le produit "tauromachie"?
Ces rencontres au campo qui s'ouvre au public, ces spectacles donnés dans des arènes vidées par la restriction sanitaire et maintenant ces corridas de reconstruction (?!) estampillés FTL, sont ils le signe d'un progrès à venir mû par la modernité ou de la destruction imminente et inéluctable d'un modèle séculaire que nous avons cru immuable?
Ponce n'en finit plus de tracer des A dans le sable des arènes , Castella s'en va.
Roca Rey, Talavante restent inactifs, alors que tant de leurs collègues ne demandent que ça, toréer!
Les novilleros se morfondent, simplement accompagnés de leurs rêves de gloire.
Les arènes de première restent quasi portes closes.
Les ganaderias meurent à petit feu.
Et l'aficionado? Il s'habitue à ne plus sortir le dimanche , s'abonne aux plateformes internet taurines, met la main à la poche pour profiter des quelques miettes disponibles. 
A ce rythme , garderons nous l'envie?
Continuer , croire et exister ! A ce jour peut-être une utopie mais avons nous le choix?
Le danger nous guette, mais le champ des possibles et des impossibles reste ouvert , espérons simplement que ce ne soit pas un simple champ de ruines!


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