mardi 27 octobre 2020

Zarathoustra



Vouloir libère!
Deviens ce que tu es, construis ton propre chemin car il n'en existe pas de meilleur.
Fais-le sans te ménager, ne deviens pas malade de trop de facilité et de confort. 
Donne de la joie car c'est le seul moyen pour en recevoir!
Ainsi parlait Zarathoustra, celui de Nietzsche qui dans son oeuvre a fait de ce poète, et prophète perse du monde antique le porteur de sa vision du monde , celle où Dieu est mort, celle où l'homme se doit de déconstruire les valeurs traditionnelles pour s'en construire de nouvelles.
Je ne jouerai pas plus longtemps à discourir du sujet sans tomber dans une fatuité crasse mais en ce vingt quatre octobre en regardant derrière mon écran la prestation d'Antonio Ferrera à Badajoz, j'ai eu l'âme philosophe.
On devine cet homme torturé , l'âme autant bardée de cicatrices que ses jambes, porteuses des stigmates de dizaines et dizaines de coups de cornes. 
Après une carrière de hauts et de bas, ce gladiateur des ruedos est revenu transfiguré après une absence de deux ans qu'une blessure à l'épaule et sûrement quelques démons intérieurs à combattre l'eurent laissé hors circuit.  
Fini le zébulon des débuts , le monsieur 1000 volts, place à un autre ... plus intérieur.
Le masque tombe, la métamorphose agit.
Puis arrive "l'accident".
2019, un pont , Badajoz et une chute dans le Guadiana. 
Plongée dans une abîme toute personnelle, dans les prémices d'une tragédie shakespearienne!
Et pourtant à peine quelques semaines après, phénix renaissant des flammes de son enfer, Ferrera triomphe à Madrid signant une faena baroque , habitée , différente .. tellement personnelle.
Le début d'un chemin ressemblant à nul autre qui passera de nouveau par Las Ventas qui en octobre le fait roi.
Roi sans royaume ni couronne, faute à une temporada 2020 mise à l'arrêt. Un obstacle de plus à franchir!
En cette fin octobre dans sa ville, au volant d'une antique R6 , le maestro de Badajoz a décidé d'arriver en solitaire aux arènes. Quoi de plus logique pour un solo que d'être seul!
Si son carrosse n'a jamais particulièrement brillé par son esthétisme , peu à peu il se fait une place dans le marché des voitures de collection. Prémonitoire?
S'en suivit dans un ensemble singulier, créatif , parfois brouillon car hors norme et toujours émouvant, une démonstration de savoir être et de savoir faire.
Le public rugit, réagit et rend en miroir le plaisir que prend le torero.
Plaisir? Pas toujours car ce fut miracle qu'Antonio ne reparte sur un brancard troué de partout par un dernier Zalduendo jouant avec lui de corne à corne.
La mort n'a pas voulu de lui!
Costume en lambeaux , l'heure du triomphe pouvait sonner et le retour dans la cacugne de chez Renault se faire..Ole y ole!!   
Et pour qui, plus tard les soirs d'hiver, puisera dans son armoire aux souvenirs pour se réchauffer le coeur, il pourra dire de ce soir d'automne à ceux qui n'étaient pas là  "Ainsi parlait Antonio Ferrera".
  

2 commentaires:

  1. Texte qui touche les convaincus ou les envoûtés ? Quel torero ! Quel beau texte !

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  2. Quel beau texte ! Quel torero envoûtant !

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