samedi 8 mai 2010

Du théâtre, du cinéma et de la tauromachie

Jean Luc Godard dit que le cinéma fabrique immédiatement du passé et Louis Jouvet disait : « Au théâtre on joue, au cinéma on a joué ». C’est pour quoi me semble t’il porter à l’écran la tauromachie est toujours une difficulté pratiquement insurmontable. De même quel film retrace avec justesse un match de foot-ball ou de rugby ? Dans son dernier opus « Invictus » Clint Eastwood n’a pas échappé totalement à cet écueil, malgré une technologie innovante.
La tauromachie est l’art de l’instant entre un homme et un toro tous deux à un moment unique de leurs vies. C’est ce temps de rencontre qu’aucune reconstitution ne pourra  évoquer pleinement. Peut être, comme au théâtre une captation réalisée avec talent peut nous donner un regard sur « ce qui a été », mais ne pourra remplacer l’instant vécu. A plus forte raison comment évoquer, cinématographiquement, la réalité de la tauromachie d’un Manolete, malgré le soin apporté à la reconstitution. Le « moment » est parti, reste la parole évocatrice, c’est peut être pour cela que l’on parle autant autour de l’instant fugace comme pour en garder une trace.
Un film peut être cependant approche ce que peut être une évocation de la tauromachie. Il s’agit de : « The bullfigther and the lady » de Budd Boetticher (1951) qui se veut une approche semi documentaire de l’enseignement  de l’art du toro par un vieux maestro, à un jeune amoureux frimeur. Au générique dans le rôle du jeune initié, Robert Stack avant qu’il ne devienne Eliot Ness dans « Les Incorruptibles » et bien avant qu’il ne joue dans : « Y a-t-il un pilote dans l’avion »… Hélas ce film est très peu distribué et il n’existe pas de copie DVD. Patience.

1 commentaire:

  1. Bonjour cher Nino, je suis tout à fait d'accord avec toi. Nous sommes souvent déçu quand un cinéaste tente de raconter à sa sauce une grande épopée qu'elle soit sportive, taurine ou autre...

    A plus forte raison, quand il choisit de mettre en lumière certains points précis qui ne sont au final que des détails secondaires, et qui souligne sa propre incompréhension et/ou méconnaissance de la discipline.

    Et oui, je refuse de voir le film IN VICTUS de Clint Eastwood (et pourtant Dieu sait que je suis un des ses fans), qui doit certainement être un film magnifique mais qui ne relate absolument pas la réalité du terrain de cette coupe du monde que je connais par cœur.

    Il fallait que l'Afrique du Sud la remporte, c'est tout ce que les vrais aficionados retiendront..

    Quant à Manolete, exprimer au travers d'un filme ce qu'il y avait dans sa tête, 70 ans plus tard, me parait être une tâche hasardeuse.

    A toute fiction, ne vaut-il mieux pas un vrai beau personnage de fiction? souvent plus réaliste qu'un plagiat de champion qui a vraiment existé?

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