lundi 1 mars 2021

Sur le sable des arènes, avoir vingt ans.

En vous baladant , du côté des arènes de Bayonne, vous aurez peut-être l'occasion de croiser un jeune homme dont le passe-temps est de faire passer le vent et des toros à roulettes dans des capes et des muletas.
"Fais de ta vie, un rêve et de ton rêve une réalité" disait Saint-Ex.
Hugo qui vient d'avoir vingt ans rêve éveillé. En quête d'impossible, s'accrochant à une chimère d'enfant, il veut devenir torero. 
Ce n'est ni le premier , ni le dernier me direz-vous!
Ce qui n'est pas banal c'est que le garçon , il part de presque rien , avec pour principal bagage une envie débordante et chevillée au corps. Là ou d'autres, sont déjà des vedettes des arènes , lui il n'est même pas une vedette à la maison.
Quelle étrange et tardive vocation que celle qui a étreint celui qui se fera nommer Tarbelli en hommage à Dax , sa ville de coeur. 
En ces temps de crise sanitaire , l'avenir est incertain, inquiétant. L'époque ne prête pas à l'épanouissement , et pourtant Hugo n'a jamais été aussi radieux et sur de lui.
Avant d'essayer de devenir papillon, la chrysalide a pris le temps de se développer entre école (taurine) buissonnière et matches de rugby. Un circuit en zig-zag , le temps de transformer l'adolescent dissipé en un jeune adulte.
Dans un monde qui se disloque en perdant ses repères , le sien a commencé à se construire, forgeant un peu plus chaque jour son envie et sa foi. Il croit Hugo, il croit en lui et en sa bonne étoile.
Comment pourrait-il en être autrement? Sans moyen et sans structure, il court après quelques trop rares tentaderos qu'offrent les élevages du coin pour de tapia, de ci de là voler quelques passes à un animal fatigué d'avoir pris des séries par un matador s'entrainant jusqu'à plus soif.
C'est la loi du genre pour ceux qui ne bénéficient que de peu d'appuis. C'est ingrat, frustrant parfois, mais ces moments encore trop rares ne font que le faire grandir et espérer.
Un jour pense t'il, quelqu'un me remarquera , comprendra et me donnera une chance , ma chance qui marquera le début ou la fin de l'aventure. Hugo reste lucide. Dans ce mundillo taurin , pour un débutant il n'est pas de la première jeunesse et le moindre faux pas se paiera d'autant plus cash!
Il aimerait tant un jour porter le costume de lumières mais il le sait le chemin est semé d'embûches à commencer par un monde taurin malade du Covid et d'une nouvelle temporada en pointillé qui va réduire le temps et l'espace pour s'offrir aux regards extérieurs.
C'est sans doute une douce utopie , que de croire en cette quête d'une peut-être inaccessible étoile.
Au moment où nos moindres repères vacillent, l'espoir de voir naître un nouveau monde de ce si noir présent, reste du domaine de l'hypothèse et de la supputation, ça fait du bien , de voir ce torero en herbe se battre pour tutoyer son graal.
Hugo Tarbelli ne sera peut-être pas "figura del toreo" ni même peut-être jamais le torero qu'il ambitionne mais il serait bien dommage qu'il ne puisse un jour défendre sa chance et que sa réalité devienne un rêve l'espace d'une opportunité dont il fera ce qu'il en peut, ce qu'il en veut.  
Sur le sable des arènes de Lachepaillet , qu'il pleuve , qu'il vente ou que le soleil fasse grand beau passe et repasse l'étoffe des capes au son aigrelet d'une roue de carreton qui parfois couine.
Sur le sable des arènes de Bayonne , vont et viennent les illusions intactes d'un gamin d'aujourd'hui. 



1 commentaire: