À Séville, les toreros, pour la plupart n'ont pas su s'imposer. Bien sûr, la puissance savante de Juli, bien sûr la grande classe de Morante et les belles manières de Manzanares... Mais Castella, Talavante, Luque, Perrera, Ponce et quelques autres?... Pourtant, il y eut, semble-t-il, des toros à prendre... Les temps, en ce début de saison, sont, manifestement, au frein à main, et depuis que l'avenir de Jose Tomas est incertain, on peut craindre un nivellement par le bas.
La San Isidro s'annonce comme un indicateur précieux de l'état des lieux, des ambitions, des envies et des capacités des uns et des autres.
Faut-il se risquer à quelques pronostics?
Juli, sûrement... torero extrêmement doué et battant, qui allie technique, courage et savoir faire. Excellent élève, bon pour les grandes écoles, élite de la nation taurine, il est l'illustration même de la tauromachie actuelle. Je l'aimerais plus dissipé, inattendu, inventif, en un mot: fragile. Pas de véritable grandeur sans cette once de fragilité qui est la petite faille où se glisse l'inconnu, l'imprévu. Juli récite la tauromachie par coeur. Il en sait toutes les lettres, jusqu'à la moindre virgule. C'est un exploit. Juli aime la performance. Mais il connaît mal les silences, les blancs, les marges. Mon espoir réside dans son impétueux caractère qui le conduit, parfois, à des débordements d'enthousiasme ou de colère qui peuvent amener quelques surprises et une compétition bénéfique avec ses concurrents.
Morante, c'est autre chose. De la graine d'exceptionnel. L'alliance d'un grand courage à une rare force artistique. Il lui manque encore de l'abandon. Il garde un peu trop de volonté de convaincre, de réussir, de bataille avec lui-même, de sur-affirmation de son toreo. Encore trop à perdre, trop à prouver. Mais la grande classe est là. Un peu de patience...
Alors que Jose Tomas vient de quitter l'hôpital pour une convalescence dont personne ne sait ce qu'elle durera, Madrid devient le centre de l'attention taurine. Tout ce que la tauromachie porte de jeunes talents, d'aspirants à la gloire et de figuras y sera.
Ils ont un mois pour nous prouver que la temporada qui s'ouvre n'est pas un livre déjà lu.
Avec toutes les éloges du Papa Gato envers Morante, l'envie de le voir toréer ne fait que grandir !!!
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