jeudi 19 août 2010

Etre ou ne pas être



Naïvement, je pensais que lors de leur passage novilleril, les aspirants toreros apprenaient l’ensemble des bases nécessaires à la bonne pratique de leur art en se frottant aux novillos de tous poils qui leur étaient proposés et en essayant de leur servir la faena qu'il convient.

Chaque combat avec l’animal est une occasion de mettre en oeuvre son savoir et de l’adapter aux circonstances du moment, quitte à faire en route des erreurs qu’on apprendra à ne pas répéter.
Conception sûrement bien trop surannée eu égard à ce qui se passe réellement. Les écoles taurines en tous genres sont passées par là.
Que se passe t’il en piste ? Les instruments en main à peine saisis , voilà que commence le concert ininterrompu des conseils venant du callejon : fais comme ci, fais comme ça, par en bas, par en haut ….de quoi vous faire perdre la tête et l’esprit.
La conséquence en est pour certains une absence totale de prise d’initiative. L’oreille attentive, et l’œil tourné vers la contre-piste, ils deviennent de simples exécutants d’une tauromachie télécommandée.
Des faenas apprises au campo que l’on ressort à tout coup, des enchaînements identiques d’après midi en après midi.
Les leçons sont récitées avec application, pour certains avec brillance mais le doute est permis sur l’avenir de bien des novilleros même les plus cotés du moment.

Pourquoi pas après tout donner un savoir dans un cadre bien défini, au final égalité de chances pour tous et le talent s’il doit s’exprimer arrivera bien à transpirer mais si ce qui est appris dans ces écoles c’est le savoir faire, le savoir être lui ne peut s’enseigner et dépend de la seule personnalité de chaque novillero.
Que feront-ils quand l’alternative prise il faudra savoir composer avec un adversaire de 4 ans, quand pour cela il n’y aura que quelques maigres contrats pour convaincre le milieu taurin et le public qui entre temps aura perdu sa bienveillance.

Messieurs les mentors, continuez à faire votre travail dans l’ombre et à former vos toreros mais de grâce laissez les une fois en piste vivre leur vie et aller se construire un avenir.
Protégez les d’eux-mêmes s’ils ne font que des bêtises en piste mais n’oubliez pas qu’on apprend bien plus de ses erreurs que de ses succès.Ne jouez pas les vierges effarouchées quand un président vous refuse la 2ème oreille après avoir concédé celle du public mais cherchez à comprendre pourquoi en tant qu’aficionado averti il n’a pas sorti le mouchoir souhaité.
Que sont en train de devenir des Marco Leal , des Roman Perez. Qu’est-il advenu de Julien Dusseing ?Le milieu taurin est implacable et n’hésite pas à envoyer sur des voies de garage des toreros qui sitôt l’alternative passée n’ont finalement que peu d’histoire à raconter devant un toro.

Alors une bonne fois pour toutes, une fois en piste laissez les ÊTRE .

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