dimanche 25 avril 2010

Torero d'époque?

Depuis les deux démonstrations de Julian Lopez sur le sable de la Réal Maestranza , je lis ou j'entends ici ou là qu'El Juli est rentré dans la catégorie des toreros d'époque!
Il est incontestable que nous sommes en présence d'un immense torero capable de faire face à l'ensemble des problèmes que lui propose le bétail qui peut lui être présenté, mais est-ce suffisant pour marquer son temps ?
Belmonte, Manolete, Ordonez, Cordobes, Ojeda ont été des toreros qui ont marqué à jamais la légende taurine, mais pourquoi?
Pour leur différence!!
Du baroque Cordobes à l'impassible Manolete, de la pureté de christal de la tauromachie d'Ordonez aux nouveaux territoires conquis pas Belmonte et Ojeda, chacun a su creuser un sillon indelébile dans l'arène , une trace pour l'éternité. 
Aujourd'hui qui peut revendiquer faire partie de la légende?
Juli est un formidable interprète de l'ensemble du répertoire taurin et sa grande technique lui permet de résoudre les problèmes jugés de prime abord insolubles.
Son courage ,sa volonté de fer le font triompher partout et sa présence est devenue indispensable dans toutes les férias .
Cela en fait-il pour autant un torero d'époque?

Le seul qui peut revendiquer le droit de mettre les pieds dans ce panthéon reste Jose Tomas.
Celui du retour, celui qui a su faire à nouveau exploser les codes de la tauromachie en fréquentant des terrains impossibles.
Son visage triste et parfois rageur confère à la corrida une certaine solemnité et si violence, vie et mort n'ont jamais été aussi présentes, grâce à lui c'est à la culture et à l'art que nous pouvons définitivement lier la tauromachie.

Voilà ce qu'il s'écrivait en 1ère page d'El Pais au lendemain du 06 juin 2008: "Un génie appelé José Tomas a brodé la tauromachie et l'a élevée aux plus hauts sommets de la beauté. Madrid a vécu l'une des plus grandes après-midi d'apothéose des dernières décennies. Son tour de l'arène avec les deux oreilles de son second taureau est inénarrable. Tomas souriait, toujours si apparemment triste. La place criait en choeur 'torero, torero, torero'. Cela doit être la gloire. [...] Il a saisi le public avec la conception la plus pure de la tauromachie. Une oeuvre d'art total".
Point de 1ère page au lendemain du triomphe sevillan de Julian Lopez mais un article très élogieux sur ce maître de la la technique arrivé à maturité, le titre de l'article "Juli l'arme lourde".

Arrive désormais à grand pas la San Isidro qui nous promet (malheureusement indirect) un fameux duel au soleil de Madrid.Qui va prendre l'ascendant?
Jose Tomas va t'il devenir définitivement un mythe, sera t'il capable à nouveau de s'offrir à corps perdu dans cette bataille?
Le Juli va t'il pouvoir se sublimer, se "la jouer" en mettant son coeur tout entier sur le sable qui nous fera oublier son incroyable technique pour ne retenir que son incroyable talent. 

Tel est l'enjeu de ce printemps taurin: to be or not to be a legendary bullfighter, that is the question?

NB: article rédigé avant la nouvelle de la très grave blessure de Jose Tomas

1 commentaire:

  1. c'est à mon avis une très belle analyse de la situation. En quelques mots seulement, je vais vous donner mon point de vue. Pour moi des toréros d''époque il y en a 3. Belmonte, Manolete et El cordobès père, bien sûr. ET C'EST TOUT car ce que j'appelle moi, un toréro d'époque, c'est un toréro qui apporte ce que l'on avait jamais vu avant lui. J'ai eu la chance d'en voir un. c'est El cordobès, quand un toréro vous laisse assis à votre place, je veux dire toute l'arène, pas seulement moi, pendant à peu près 10 minutes après son départ, je pense qu'il se passe un moment exceptionnel, qui avec même du recul reste pour toujours magique. J'ai eu la chance de vivre ça. J'avoue que c'est assez étrange et surtout inénarrable.J'ai vu pas mal de paséos à ce jour, pas mal de toréros aussi, aucun d'entre eux ne peut prétendre à cette aura. A ce jour, je vois de bons toréros, des très bons et surtout de bons élèves, sortant des écoles taurines qui récitent souvent très bien leur leçon, pour essayer d'attirer la foule, vers une tauromachie de salon et de poudre aux yeux. Mais il manque dans leur exercice, une chose que l'on ne peut apprendre, c'est le coeur que l'on met à faire les choses, qui montre même à ceux qui ne savent pas trop ce qu'il regardent qu'il manque la sincérité c'est à dire l'essentiel
    Joel Broucaret

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