samedi 7 novembre 2020

Le spleen de Saint-Esprit

06 Novembre.
Le jour est tombé sur la ville engourdie.
Confinée , Bayonne n'a pas le temps de se réveiller qu'elle doit déjà se calfeutrer.
Le boulot me permet de me déplacer et, sur le pont Saint Esprit que je traverse, l'ambiance crépusculaire me happe.
Je m'arrête l'espace d'un instant et profite du moment. La ville est vide et m'appartient.
J'ai toujours aimé ces ambiances de fin du monde quand la cité s'abandonne au silence.
J'ajuste mon masque sur le visage et la réalité me revient comme un boomerang dont le retour serait mal calculé.
Ce soir j'aurais dû préparer ma valise pour aller rejoindre quelques jours les campos andalous.
J'en aurais profité pour participer à cet anachronique tour espagnol de la reconstruction, Luque et De Justo étant deux très bonnes raisons de le faire.
Ce soir aurait dû être un moment à savourer comme on se régale à l'avance d'un plat que l'on voit mijoter.
Mais ce soir sera un jour ordinaire d'une vie confinée , mis dans une parenthèse au désenchantement dont je ne vois pas la fin.  
Ce soir sur ce pont désert , j'ajuste mon masque...
Ce soir , je prends dans la gueule , une fois encore , un spleen indéfinissable.
Pas celui , poétique de Baudelaire mais celui rampant qui assombrit et rend vulnérable, privé des plaisirs désormais interdits alors qu'ils ne sont même pas coupables. 
L'espoir fait vivre alors en ces temps où il faut savoir se préserver et se protéger les uns des autres , je vais la garder en tête cette folle espérance de pouvoir bâtir à nouveau des projets.
Je vais rêver aux grands espaces dans lesquels quelques noirs taureaux mus par un instinct plus grégaire que solidaire se rassemblent en troupeau, d'une arène de tienta ensoleillée et poussiéreuse , de gradins inconfortables d'arènes, de costumes de lumières d'or et d'argent et de biens d'autres choses moins taurines qui donnent du sel à ma vie.
En attendant portez vous bien et surtout faites gaffe à vous parce qu'une chose est sûre , tant qu'à vivre entre parenthèse , ça serait bien mieux de le faire sans chopper ce virus cadeau de ce cher pangolin!

2 commentaires:

  1. Serge LE COLLONIER8 novembre 2020 à 19:28

    Excellent , la montera qui pleure reste toujours aussi sublime !

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  2. Merci pour ce texte!Un très bon remontant dans les tristes moments que nous vivons.Continuez s'il vous plait à nous enchanter.encore bravo et merci

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