La chaise de la discorde

Il y a des chaises en bois pour nos cuisines et nos salons, des chaises pliantes pour agrémenter le confort de nos pique-niques, des chaises plastique quand le teck est hors de prix pour nos jardins et la chaise longue pour goûter au repos et au plaisir de la sieste.
Décorative ou fonctionnelle il en existe une multitude.Depuis le 25 mai un nouveau genre vient d'apparaître LA CHAISE de Morante.
Elle dormait tranquille dans un petit restaurant, et tapie dans l'ombre d'un coin de table attendait tranquille qu'une fesse molle vienne envahir son siège à l'heure du déjeuner.
En guise d'apéro secouée qu'elle a été la vaillante!Elle en a même perdu un barreau.
Aux premières loges qu'elle était pour accompagner l'agonie de ce toro de Domecq, avant de repartir dans son antre d'origine!
Et depuis , elle fait couler autant de salive que d'encre.

Génie de l'instant dicté par l'inspiration, coup d'esbroufe préparé à l'avance, hommage simple au Gallo le divin chauve disparu il y a cinquante ans tout s'écrit, tout se dit!!
On en oublierait presque (mais ça ce sont ceux qui n'étaient pas à Nîmes) qu'entre les deux chaises il y eut une faena..magique ensorcelante et ensorcelée.
Ces vingt minutes nîmoises viennent de semer la zizanie. Deux sensibilités "aficionadas" s'entrechoquent.Les querelles de chapelle font à nouveau rage.
C'est que pendant ce temps là, le pays gascon fêtait le dieu toro à Vic. Des cornes, du muscle, du combat..pas de place pour la fantaisie.
Le peuple du toro uni par sa passion commune se déchire et se divise avec force et véhémence.
Je suis interloqué qu'entre les tenants nîmois du tout spectacle et ceux, du toro par dessus tout vicois, le fossé se soit autant creusé.
Il y a pourtant me semble t'il de la place pour tous.
J'étais à Vic, et cela ne m'a pas empêché durant la concours dans le gers de penser que je serais bien mieux à me rôtir sur le bois de l'amphithéâtre nîmois, et l'après-midi me dire que les Palha c'était bien mieux que Capea.
Aguilar à Vic pendant l'agonie d'un de ses adversaires ,dans ce qui voulait être un geste torero, s'est assis sur l'estribo. Au nom du respect que l'on doit au toro, le public lui a fait comprendre que c'était debout qu'il fallait être.
A Nîmes, c'est sous les acclamations pour la beauté du geste que Morante a attendu figé, la mort de l'animal.
C'est un fait, deux conceptions de la tauromachie s'opposent et alors?

J'aime Morante et les Miuras, et pourtant je sais que je n'aurais pas de possibilité de les croiser le même jour.
Je fais avec et je fais des choix.
Pourquoi maudire pour autant ce qui en font fait de différents?