mardi 8 juin 2010

Diego... derrière sa fenêtre...

Quel est ce pays où frappe la nuit la loi du plus fort, du plus réactif et du plus rapide? Quelle est cette invention diabolique qui nous fait tourner la tête, qui nous fait quitter le sol et nous emporte tel un cyclone dans la stratosphère au point que l'on finisse par perdre toute notion du temps et du rythme de l'humain? Devant ma fenêtre, j'accède aux informations taurines du monde entier. Devant ma fenêtre, je capte les images de corridas qui se sont déroulées la veille dans le pueblo le plus barbare qui puisse exister. Devant ma fenêtre, j'ai même accès à ce qui ne s'est pas encore produit. La preuve, je peux lire les brouillons des articles du Papa Gato avant même qu'il ne les aie publié. La fenêtre bouleverse nos vies, nos modes de pensée et nos comportements. Plus j'ai faim d'images et plus j'en trouve. Et pourtant, cette mine inépuisable d'informations est en train de m'éloigner inexorablement de mon aficion la plus intime. Trop de tchat ou de msn éloigne les personnes des vrais rapports humains. Trop de mp3 provoque une overdose de musique et un nivellement dans l'appréciation des artistes : on finit par ne plus écouter et ne plus apprécier. Trop de vidéos taurines m'éloignent du terrain et m'entraine inlassablement, à mon insu, vers une réalité virtuelle et une banalisation du danger. Au lieu d'éveiller mon appétit, cette consommation régulière d'infos rassure mon sentiment de satiété. "Qu'on me donne l'obscurité, puis la lumière. Qu'on me donne la faim, la soif, puis un festin. Qu'on m'enlève ce qui est vain puis secondaire, que je retrouve la prix de la vie... enfin." J'ai besoin de terrains poussiéreux, de plazitas brimbalantes et peu reluisantes. J'ai besoin de novilleros que ne savent rien ou pas grand chose, qui ont des costumes de fortunes, des cheveux gras et des ongles sales. J'ai besoin de contrées vierges, de découvertes surprenantes, d'hôpitaux à des centaines de kilomètres... Comme tout passionné blasé, j'ai besoin de revenir à la source, au début du début. A la rencontre d'un novillo qui fonce avec maladresse et d'un novillero qui sait à peine se défendre. J'ai envie d'être surpris, étonné et à nouveau émerveillé!! Sans quoi, ma passion, derrière sa fenêtre... déjà morte peut-être..

6 commentaires:

  1. je commençais à réfléchir sur le sujet de l'envahissement de notre aficion par la multiplicité des infos, des videos...qui nous fait vivre par procuration
    internet nous permet d'avoir accès à tout ce qui se passe dans le monde taurin mais effectivement n'est ce pas au détriment de l'envie , du mystère et de l'imaginaire?

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  2. 3h26 du matin !! mais t 'es comme mon patron qui m'envoie des mails en pleine nuit!!

    Si ça c'est pas de l'envahissement dans sa vie personnelle.. A cette heure-ci, la montera ne devrait plus pleurer mais dormir.. lol

    C'est pire qu'un enfant de 3 mois ce blog !!

    Bon sinon, désolé de t'avoir damé le pion sur ce thème-là, c'était pas volontaire. Mais je l'ai fait à ma sauce, il y a encore mille choses à dire à ce sujet.

    Je te fais confiance, tu sauras trouver tes propres mots pour exprimer tes propres sentiments.

    A te lire..

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  3. Ah! Nostalgie quand tu nous tiens! Revenir au début du début? Tu peux encore te payer le retour aux sources. Fais les villages de Castille, l'été, et je suis certain que tu verras des courses (?!) dont personne ne se fera l'écho sur le net, sauf toi, peut-être, dans la Montera.
    Et puis, la fenêtre, tu peux la fermer. J'ai un copain comme ça qui, après un quadruple pontage coronarien s'est débarassé de son ordi. Depuis il vit super heureux et fait des voyages. Por que no?
    Dès demain, je fais mes brouillons sur papier...

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  4. Ah oui!! les brouillons!! les brouillons!!

    Franchement, j'adore, j'en suis fan. Comme ça je t'échangerai les brouillons contre mes notes de voyage..

    Je pense que je vais suivre tes conseils.. je vais peut-être partir au mois d'aout sur les routes de la Castille, avec un bidon de flotte, des conserves et un sac de couchage..

    En plus, j'ai l'accord de principe de la Pitufa..

    Comme quoi, les réponses à nos problèmes sont parfois à portée de main. Encore faut-il avoir à côté de soi un être bienveillant qui les pointe du doigt quand on ne sait les voir.

    Allez hop!! je ressors ma carte d'Espagne et mon glossaire d'étudiant... qué guay !

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