Je sais pas si c’est très décent de continuer ? Si, si j’y vais…
Jean Paul Sartre était (quand même hein) était un philosophe qu’à bien marché."
De ce sketch d'Albert Dupontel, on pourrait faire parodie et l'appliquer à ce que la saison tauromachique 2011 nous a présenté la majeure partie du temps.
"La corrida est un spectacle interessant.Etait?La corrida meurt à petit feu?Depuis quand?Ah oui c'est pas nouveau et ça dure depuis longtemps.C'est pour ça que je m'y ennuie de plus en plus et que je ne me reconnais plus trop dans ce qui s'y passe.
Ca surprend et je ne m'y fais toujours pas.
Bon je reprends, la corrida était.Etait?Ca fait mal aux tripes hein!Donc la corrida était un spectacle qui a bien marché!"
Et puis, et puis il y a eu la crise , les portefeuilles vides et les gradins qui se mettent au diapason.
Les toreros vedettes imposent leur loi et leur dictat mercantile pour faire subir à l'aficion de soporifiques après-midi où l'argent règne en maître sur le sable.
Il y a les toros, enfin on dirait leurs cousins éloignés, qui passent (ou plutôt ne passent plus) leur temps à se demander ce qu'ils font là.
Des individus qui se réclament leurs défenseurs (je n'ai pourtant jamais entendu un toro même le plus veule demander quoique ce soit du genre!) vomissent leur haine du genre humain à coup d'insultes,de slogans ineptes et de clichés populistes fleurant la propagande bon marché!
J'en passe bien d'autres mais il y aurait de quoi vous dégoûter pour de bon!!!!!!
Heureusement un soir, il y a Morante qui illumine de sa classe le ruedo d'une arène sans âme en banlieue madrilène, et le bougre remet ça dans une après-midi automnale du mois d'août en Biscaye.
En juillet, des Escolar Gil font honneur à leur condition de taureau de combat et confortent les catalans français que la corrida ne peut-être abolie.
Des Joselito à la caste piquante, et dans un Lachepaillet à demi vide (ou moitié plein selon l'humeur) grâce à cet après-midi s'effacent tant de moments fadasses et sans aucune joie.
Et puis, il y a tous ces petits bonheurs qui fabriquent les souvenirs de demain.
Se glisser ,bravant gentiment l'interdit, en barrera à Seville ou Bayonne;recueillir l'autographe de Roberto Dominguez bien surpris de signer une photo du temps de sa splendeur torera;admirer S Fernandez Meca dompter une vache d'Albaserada brave et retorde en présence du marquis;croiser au fil d'un périple en terre andalouse mon voisin de gradin arlésien venu des volcans d'auvergne;voir mes fils m'accompagner quelques fois et sentir que le virus peut un jour les gagner.
Tous ces moments fugaces s'accumulent et donnent du plaisir, et saison après saison rechargent sans faillir l'envie de continuer à aimer la corrida pour ce qu'elle fut, ce qu'elle est et ce qu'elle deviendra.
Alors finalement et sans peur du démenti je l'affirme:Jean Paul Sartre est bien vivant!
Je comprends bien le désir de faire revivre ceux qui sont morts le jour de la Toussaint.. ou de parler de ce qui est toujours en vie. En vie, oui, mais d'une manière différente...
RépondreSupprimerJ'ai longtemps voulu écrire un article sur ce qui m'a, ce qui nous a éloigné des arènes, nous, les spectateurs fantômes de Lachepaillet, de Bilbao, et d'ailleurs, nous les spectateurs invisibles des sièges en béton, qui avons tant vibré à vos côtés, qui avons une pensée pour vous quand vient l'heure du paseo mais qui avons depuis longtemps décidé de déposer les armes, trop déçus, refusant de faire le jeu de cette industrie-là.
Et puis j'y ai renoncé, à écrire cet article... Trop d'aficionados obsédés par la problématique du prix, butés sur ce point, incapables ou refusant d'analyser toutes les problématiques lié au taurin dans son ensemble.
On peut aimer passionnément mais savoir prendre du recul pour porter un regard objectif et critique, me semble-t-il.
Ma définition d'un spectacle "populaire", ne se définit pas sur la base d'un spectacle réservé à telle ou telle couche sociale.. Au contraire même, une discipline aussi singulière que l'art taurin balaye et touche la sensibilité de n'importe quel pèlerin, quelque soit sa fortune, son bord politique et son niveau d'éducation..
Ce qui crée l'évènement au sein d'un citée, ça c'est populaire ! Le fait est qu'aujourd'hui, une course de taureau ne créé plus l'évènement dans certaines villes, et perd ainsi de sa popularité.. et donc de sa fréquentation.
Je ne me souviens pas avoir vu les gradins du Barça, du Real Madrid ou de Chelsea vides récemment. Pas plus que je ne me souviens avoir vu les gradins vides des équipes qui les reçoivent quand ils jouent à l'extérieur.
Et pourtant, malgré le prix exorbitants des places, en Angleterre notamment, les gradins ne sont pas exclusivement remplis par des magnats de la finance. Le fait est que le Barça partout où il passe crée l'évènement. Quoi de plus populaire que le foot?
A l'inverse, si vous regardez la ligue 1, les gradins sont souvent clairsemés. La qualité du jeu proposé dans certains club fait fuir les amateurs de l'ancienne heure.
La facilité d’accès à une multiplicité de centres d'intérêts par le grand public, fait qu'aujourd'hui, les choix d'orientation d'un spectacle demeurent décisifs pour son avenir propre.
Et je pense très sincèrement que le milieu taurin n'a pas suffisamment anticipé et posé les bases d'une réflexion entre l'attente de ses aficionados et les forces de propositions destinées à créer une dynamique et à pérenniser ce spectacle-là. Peut-être n'en a-t-elle pas eu besoin jusqu'à présent?
Mais gouverner, c'est prévoir ! Et certaines municipalités auraient dû tirer la sonnette d'alarme, il y a déjà longtemps.
Il est clair qu'aujourd'hui, ce milieu est dans une impasse, qui doit à ce jour passer, mais pas se solutionner, par un conflit intra muros, les spectateurs étant mis de côté, par des discussions basées sur les gros sous, entre les différents acteurs.
Mais cela n'est qu'un passage, une rustine qui ne tiendra pas, l'issu, à mon humble avis, étant à moyen terme un lock-out complet ou partiel, une grève temporaire d'un regroupement de villes taurines, qui durera le temps que la bulle se dégonfle.
A l'issue de cela, la problématique restera entière : Une réflexion commune sur quelles réformes et méthodes à mettre en place pour attirer à nouveau le public vers les arènes et retrouver une économie pérenne?
Ouais... Tout cela reste assez généraliste et manque de concret à mon goût. La grève... tu y crois, toi?
RépondreSupprimerPour ce qui est de l'abaissement du prix des places, je pense que ce serait un bon moyen de revoir tout le système. C'est dans cette optique que je m'y intéresse.
Et puis, parce que j'aime ce spectacle et que je ne peux plus suivre financièrement.
Populaire vient de peuple. Un spectacle populaire est celui qui offre un accès au peuple dans toutes ses composantes. Le prix des billets d'entrée est un des critères.
Pourquoi comparer le foot aux toros? On ne joue pas dans la même cour. Même aux temps du Cordobes, la tauromachie n'a jamais concurrencé le foot. Et c'est très bien ainsi.
Et puis, il arrive aussi que l'on se détourne des arènes parce qu'on n'a plus d'intérêt pour la tauromachie.
Par exemple, je ne vais que très rarement dans les stades, non pas parce que les sports qu'on y pratique ne sont pas de bon niveau ou trop peu populaires mais parce que je n'aime pas assez cela.
C'est peut-être ton cas pour la corrida?
Pour ce qui est de la fréquentation, le prix est un incontournable.C'est ce que je me suis dit quand pour aller voir un match du stade toulousain dans des conditions correctes il m'aurait fallu débourser 45€.Pas assez passionné pour cela.Mettre ce prix s'il le faut pour une corrida je le ferai par contre car mon portefeuille peut se le permettre et ainsi assouvir ma passion.Il est clair que d'autres ne peuvent le faire.On ne peut donc éluder le prix comme vecteur de désertification des gradins.Cela ne veut pas dire pour autant que c'est le point unique du problème.L'omniprésence des images et l'information en temps réel sur tout ce qui se passe dans une arène, le manque de courage "éditorial" des organisateurs, des toreros à l'éthique fluctuante,etc...sont autant d'autres pistes de reflexions!Et même si je suis critique sur le milieu taurin, je continuerai tant que je le pourrais à aller voir des corridas parce que j'aime trop cela!
RépondreSupprimerLe mot grève est une mauvaise traduction du terme anglais « Lock Out » qui désigne un gel, un arrêt pour une durée indéterminé de l'activité en question, causé par l'incapacité à trouver un accord financier entre les parties.
RépondreSupprimerJe pense que le Lock Out est une éventualité à ne pas écarter, déjà évoqué d'ailleurs par certains de nos dirigeants politiques locaux, et ce pour une raison très simple.
Quand un organisateur de spectacle n'est plus capable de tenir son budget et continue années après années à faire plonger l'activité dans un déficit de plus en plus profond, le politique, lui, de son côté a des comptes à rendre sur l'argent public engagé auprès de sa municipalité et de ses administrés.
Le Lock Out est un méthode radicale permettant d'une part de stopper net le déficit budgétaire trop important mais également de faire pression envers tous les acteurs de cette économie-là afin qu'ils revoient leurs prétentions salariale à la baisse.
J'ai choisi l'exemple du football précisément à cause du prix des places et parce que c'est une discipline populaire. Quelle discipline plus populaire que le football? Discipline universelle s'il en est. Il faut quand même savoir que les places de foot sont largement aussi chères, si ce n'est plus, et les stades sont toujours pleins outre manche ou en Espagne.
Mais on peut aussi effectivement ne pas comparer au football. Et je te dirais alors que le thème de mon propos est très simple. C'est la qualité du spectacle présenté, à différents niveaux, qui m'a clairement éloigné des arènes.
Pour être plus concret, ce que j'attends d'un organisateur de spectacle, et tu es mieux placé que moi pour le savoir, c'est d'innover, de me surprendre, d'attiser ma curiosité, de me donner envie d'aller aux arènes et de dépenser mon argent. J'ai trop aimé ce que j'y ai trouvé par le passé et j'ai trop de considération pour mes deniers pour aller acheter un billet les yeux fermés.
Si être aficionado signifie se rendre aux arènes coûte que coûte et ce, quelque que soit le contexte et la qualité du spectacle présenté, alors je reconnais volontiers que je n'ai pas la même aficion que toi.
Aujourd'hui, je reste convaincu que ce mundillo-là s'est endormi sur des pratiques mercantiles internes vieillissantes sans se projeter vers les besoins et les envies des aficionados en devenir. Et que le regard de la population a changé à son égard.
Sais-tu que les arènes de Bayonne recherchaient activement des portiers et placiers pour la temporada 2011 et qu'ils n'arrivaient pas à en trouver? Et pourtant, pour les placiers, la corrida est gratuite.. je n'invente rien, hélas...
Un vrai Bison, ancêtre du toro, tu as dit la vérité. OUI, nous les ivrognes de la tauromachie rien ne nous arrêtera, même pas le mauvais vin car malgré tout nous savons reconnaître et faire la différence entre le bon et le mauvais. Mais nous sommes quand même et resterons des ivrognes. Fiers de l'être. PACO 60
RépondreSupprimerCertes, la tauromachie ne vit pas un grand moment. Ses organisateurs et acteurs ont tout intérêt à prendre un certain nombre de mesures qui l'assainissent.
RépondreSupprimerEt pourtant, cette saison, à Bilbao, j'ai assisté à un des plus beaux moments de tauromachie qu'il m'ait été donné de voir depuis cinquante ans.
Je suis persuadé que ce qui mène aux arènes, malgré tout, c'est, d'abord, une question d'aficion. Et ça ne veut pas forcément dire qu'on gobe tout, ou qu'on refuse de se poser des questions ou qu'on est autiste aux réels problèmes qui se posent. Nos blogs en témoignent. Mais on aime la corrida.
Je ne suis ni un nostalgique, ni un aigri des arènes et chaque fois que je m'y rends c'est plein d'espoir. Malgré tout.
Cependant, même si on y voyait triompher Morante tout les dimanches, je ne pourrais pas suivre pour des raisons financières.
En ce qui concerne la difficulté à recruter des placiers, peut-être que la raison en est qu'ils préfèrent aller à la plage ou à Perpette plutôt qu'aux arènes. Pas parce que le niveau a baissé mais peut-être qu'il s'agit-là d'une évolution de la société dans laquelle ce spectacle peine à garder une place (cf les "antis" jamais autant entendus et écoutés. Et c'est d'abord cela qui est inquiétant.
Pour ce qui est de la meilleure fréquentation, pour le foot, cela reste à voir: à part quelques matchs vedettes, il me semble qu'on voit bien des gradins vides dans les stades (en France et même en Espagne). Quand à la capacité d'"inventer" du foot, le dernier mundial ne me parait pas être un exemple probant. Et une fois de plus, les chiffres sont incomparables avec les toros. De même que l'argent brassé au niveau de la planète.
Pour ce qui est du"lock-out", j'en ai une définition sensiblement différente:
" Le lock-out ou la grève patronale est une fermeture provisoire d’une entreprise, décidée par l’employeur pour répondre à un conflit collectif (grève). Un lock-out est généralement utilisé lorsqu’une grève est partielle pour faire pression sur les grévistes, les salariés non-grévistes n’étant alors plus rémunérés". Si les toreros venaient à se mettre en grève face aux positions radicales des organisateurs peut-être y assisterions-nous... De toute façon c'est une décision "patronale" qui nous échappe.