vendredi 1 mai 2020

Blanche et sèche...

Ce jeudi soir , le ciel est gris , le ciel est triste.
La pluie fine termine de plomber une atmosphère de fin du monde , confinement oblige.
Pas un rat, même des villes, à l'horizon..
Je reviens du boulot , sans moral, saisi par l'étrangeté de l'atmosphère.
Petit accroc volontaire à mon parcours traditionnel, je m'en vais aller faire un salut à mes chères arènes bayonnaises.
Derrière les grilles fermées , le toro blanc s'ennuie, trônant sur une esplanade désespérément vide depuis des jours entiers.
Aux murs les cartels de la temporada passée. Le temps se fige!
A moins de croire, mû par une improbable espérance mystique, à un quelconque miracle, les portes de bien des arènes vont rester closes pour un temps, pour longtemps.
Merde alors!!
J'avais prévu de réduire un peu la voilure cette année mais pas comme ça, pas contraint , privé de dessert à cause d'un virus pas très catholique (pas plus juif que musulman d'ailleurs).
Je sais bien qu'avec l'âge , la déprise nous guette et que nous recherchons une présence raréfiée dans l'espace public mais quand même pas si tôt , pas maintenant!
Et pourtant , si choisir c'est renoncer parait-il, cette année nous allons devoir renoncer sans choisir!
C'est une évidence que nous ne ne pourrons esquiver.
La France se ferme aux rassemblements de masse, l'Espagne se recroqueville sur elle même
Il faudrait entrer en résilience...
C'est bien beau cette histoire mais au rythme où vont les choses, on a pas le cul sorti des ronces!
Déjà que c'est plus trop mode la tauromachie, qu'un virus l'étouffe , la fait crever à petit feu.
Lente agonie d'un malade en phase terminale ou bien un rebond après l'administration d'un remède de cheval?
Pour repartir , elle devra s'inventer à nouveau, casser ses propres codes, mettre pour un temps sous le tapis les querelles intestines et les luttes de pouvoir, aller vers un ailleurs!
Je n'ai pas l'âme aventurière de ce bon professeur Raoult et je suis bien incapable de donner des solutions au problème.
Des idées , comme tout le monde je vais en avoir par dizaine mais , ben oui il y a forcément un mais, sans monnaie sonnante et trébuchante, je vais vite prendre un mur pleine face.
Alors je vais attendre que les sachants , que les savants , que les faibles et les puissants se réunissent et se parlent pour tenter de rebrancher les fils.
Âme de bonne volonté, j'irai où le vent taurin voudra bien me porter...
Mais pour l'instant , la pluie tombe et me confine dans la voiture.
A regret je m'éloigne, sans sortir, de ces vieux murs trempés de Lachepaillet.
Les fantômes qui déambulent dans les couloirs déserts se racontent les anecdotes d'un passé pas si lointain.
Pour un temps, je vais vivre de mes souvenirs car même si au final j'ai bien envie d'être crédule , je sais bien au fond de moi qu'elle sera longue cette temporada , une saison blanche et sèche!

2 commentaires:

  1. le cœur serré je viens de lire ce texte plein d'émotion..oui dure année que celle ci...merci pour ces phrases si sincères, on se sent moins seul sans nos habituelles querelles d’après corrida...

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  2. Votre texte est merveilleusement triste. Il est le reflet contrastant de notre pasion commune. Merci monsieur

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