dimanche 9 décembre 2012

Un sourire en hiver.


Chambre d'hôtel.
Quelques instants de repos, bienfaiteurs, me requinquent.
Se laisser haper par Madrid et arpenter sans but ses grandes artères te fait mine de rien avaler un sacré bout de chemin.
A huit cent kilomètres de là,météo capricieuse, la pluie et la fraîcheur envahissent mon chez moi.
Ici il fait bon, presque chaud, en cette mi-mai.
Dix sept heures quarante cinq, l'heure de prendre la métro est venue.Au fil des stations la foule se densifie.
Chemises impeccables sur pantalons de toile et robes élégantes se font de plus en plus nombreuses.
Dix huit heures quinze, la bouche du métro déverse à flots réguliers le peuple aficionado.
Sur le parvis un étrange brassage de bourgeoisie endimanchée, de touristes en goguette et d'un public plus populaire qui pour quelques euros seulement va pouvoir aller aux toros.
Dans les bars, ça frotte sévère pour un verre, quelques olives, et comble du luxe un siège et une table d'où les volutes de fumée de cigarettes et de puros s'envolent.
Une ambiance joyeuse émane de ce mélange des genres.
Profiter d'un banc, voir les vendeurs ambulants tenter à grand cris d'attirer le chaland puis s'engouffrer dans Las Ventas et se laisser mener dans le bruit jusqu'à l'entrée des toreros.
Attendre corps à corps pour en quelques instants fugaces partager une fausse intimité et apercevoir la couleur du costume, la paleur du teint.
 
Puis dans un brouhaha entêtant rejoindre sa place et s'asseoir sur le gradin en prenant pleine face les soixante mètres de diamètre de la piste.
Jeter un coup d'oeil sur le tendido 7, le palco royal, la pendule qui indique dix neuf heures et les portes qui s'entrouvent.
Attente enfiévrée pour un spectacle qui sera finalement quelque peu décevant.
Mais qu'importe!Sortir des arènes vidées de la foule qui s'éparpille par grappes, puis se perdre dans un quartier de Madrid, pour une sustentation bienfaitrice, et se dire que demain ça recommencera.
Petits plaisirs qui cinq jours durant se renouvelleront et dont, alors qu'en cette fin d'automne la pluie tombe souvent drue et que le froid s'installe, le souvenir me réchauffe l'âme et me donne le sourire.

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