lundi 14 juillet 2014

Jour de fête à Pampelune

Elle commençait durement cette journée.Trois heures de sommeil pour un départ sous un ciel noir d'encre,seuls quelques nuages de pluie à venir donnaient quelques nuances de gris.
Les yeux gonflés et la tête déjà lourde, pas même le temps d'avaler un café pour ne pas risquer de rater le rdv fixé à 115 kilomètres de là.
6h15 Plaza del Castillo près de l'hôtel Windsor.Voilà notre objectif qui nous occupe l'esprit tout au long du trajet.Ne pas le louper pour récupérer des clés qui nous donneront accès au balcon d'un appartement de la calle Estafeta.
Qui dit Estafeta dit encierro dit Pampelune! Viva San Fermin !!!
2m2 de balcon et nous sommes cinq pour l'occuper.
Dans une solidarité de dernière minute ,tout le monde se case : nez écrasés sur le fer forgé pour les uns, pointes des pieds en extension et cou étiré au maximum pour les autres .
Poum fait le txupinazo! Une clameur monte et se transporte au fil des hectomètres que cabestros et toros arpentent .Ca court , ça crie, ça panique, ça tombe et ça va vite,si vite.
Putains de Torrestrella!! Le pelage salpicado de trois d'entre eux me les fait confondre avec les bœufs ( présage pour le soir?).
Mes yeux se fixent sur un corredor qui se vautre et prend la meute sur le râble.
Erreur!Le temps de relever la tête , le cortège hystérique vient de passer à l'applomb du balcon.
Quelques secondes encore et c'est fini.....
Tout le monde se regarde...frustré mais content pour avoir quelques secondes pu partager ce moment de folie furieuse, le pétard de fin retentit.
Il faut trouver une télé pour regarder, jusqu'a plus soif les ralentis, les détails ..heureusement dans la pièce d'a côté,les festayres émergent de leur première nuit de débauche alcoolisée . Deux courreurs reviennent de leur périple et commentent avec technique les images.
C'est bien beau tout ça mais la pendule indique 9 heures et l'estomac crie famine.
Oeufs frits,jambon !C'est pas encore aujourd'hui que je vais commencer un régime.
Prendre le temps malgré la fraîcheur et faire traîner le chrono jusqu'a 10 heures direction les arènes pour faire la queue et prendre son billet de corrida.
À dix euros, l'apartado se fera sans moi et à vingt-huit euros le dernier rang de l'andanada ombre sera ma compagne du soir.Les paupières se font lourdes, les jambes pèsent déjà lourd mais pas le temps de s'asseoir, elles seront suffisamment gaillardes pour aller jusqu'aux corrales del Gas, où les toros de la semaine sont visibles.
Heureux de constater dans une ambiance familiale que des toros avec des cornes ça existe encore!!
Il est treize heures, j'ai soif, je suis fatigué, j'ai faim....la foule compacte oblige à rester debout.
Quelques poussettes pleines d'enfants se frayent péniblement un chemin parmi les bandas, les soiffards, les groupes de jeunes et de moins jeunes qui viennent s'encanailler à bon compte sous la protection de San Fermin.
L'ambiance est bon enfant et, la chaleur humaine remplace avantageusement celle que les rayons du soleil absent n'apportent pas.
Qu'elle fait du bien cette jara de cerveza que mon gosier sec avale en un temps record.
Elle en appelle une seconde qui accompagnera la sustentation nécessaire de la mi-journée.
On discute de tout et de rien, on regarde passer le quidam, on s'agace d'être toutes les trois minutes obliger de dire non aux vendeurs ambulants qui trouvent que vraiment nous avons des têtes à chapeau.


Requinqués, on va écluser dans un bar du coin "quelques" gin kas qu'un vague mouvement corporel ressemblant d'assez loin à de la danse va permettre tant bien que mal d'éliminer.
Pas suffisant pour perdre toute lucidité, et l'heure des toros reste sacrée, suffisamment pour ne pas louper l'heure du paseo.
A l'intérieur, la corrida façon jeux du cirque! Ca chante, ça ripaille au soleil, ça s' intéresse un tant soit peu à l'ombre.
Dans ce bordel rabelaisien, difficile de se concentrer sur ce qu'il se passe en piste.
Torrestrella à Pampelune ou pas , ça reste du Torrestrella et on s'emmerde ferme.
A Ferrera vient prendre la monnaie sans se donner grande peine pour tenter d' intéresser les spectateurs du soleil, M Abellan coupe son oreille en vaillant et D Luque avec peine repart sans gloire.
Le temps de fendre la foule , retrouver sa voiture laissait à regret la fête continuer et prendre de l'ampleur, l'heure du retour a sonné.
Un goût de reviens-y dans la bouche que même le brossage de dents n'enlève pas.
Il est minuit, le corps est las, le cerveau embrumé, le lit bienvenu mais dans la tête un air lancinant t'aide à compter les moutons en rythme : "A San Fermín pedimos, por ser nuestro patrón, nos guíe en el encierro dándonos su bendición" Viva!! Gora!! 

2 commentaires:

  1. C'est décidé, moi aussi l'an prochain, je veux connaître San Fermin, avoir faim, soif, être fatiguée mais me remplir de chaleur humaine, d'excitation peureuse et de rencontres improbables ..! Merci

    RépondreSupprimer
  2. Pour avoir vécu mes premières corridas dans les andanadas au soleil, je ne me souviens même pas de la corrida. C'était pourtant El Juli quand même,qu'on aime ou pas normalement ça attire l'oeil. Mais je préférais regarder cette folie autour de moi. Et finir violet à cause de la sangria reçu à grand seau !
    Gaël.

    RépondreSupprimer