vendredi 10 avril 2015

Dans l'ombre

Madrid 29 mars 2015
A quelques centaines de mètres de cette chambre d'hôtel, sur le parvis des arènes de Las Ventas et dans les alentours , l'excitation se mêle à la tension.
L'espérance enfiévrée d'un moment que tout le monde souhaite d'exception est irraisonnée, irraisonnable. C'est le jour de Fandiño qui va triompher , c'est sûr, c'est certain!
Jean-Luc n'y pense pas, il termine quelques menus travaux de couture de dernière minute et l'attend sur le lit, un capote à qui il convient de donner un dernier coup de brosse.
Dans une grosse demi-heure , il ira frapper à la porte d'à côté pour aider Jeremy à se vêtir d'ors et de lumières.
Il y a longtemps que ce dernier a remisé aux placards ses rêves de gloire et de triomphes, mais l'illusion est toujours là et dans l'attente et l'espoir d'une opportunité, il continue d'être torero.
Alors régulièrement, il défile dans le sillage des vedettes.
Sa carrière, pour l'instant , se cantonne à celle de sobresaliente.
Doublure en quelque sorte, dans l'ombre.....
Etre présent au cas où, être prêt en toute discrétion.
Tout au plus quelques passes à faire, un quite dans la lumière s'il bénéficie d'une faveur, bref ne presque pas exister.
Pourtant quand la porte s'ouvre, la pénombre que les rideaux tirés maintiennent, rend l'atmosphère solennelle.
L'homme , serviette nouée aux hanches, malgré une apparente décontraction est tendu.
La recherche des musiques qui vont rythmer son habillage, est un prélude à ce cérémonial qui va toucher son intime.
Renoncer à sa condition humaine pour chrysalide devenir au fil des minutes torero.
La peur, perfide compagne s'installe, les gestes ritualisés tentent de l'apprivoiser.
Prendre le temps, prendre son temps, ralentir l'inexorable.
Moments suspendus qui n'arrêtent pourtant pas la pendule.
Les minutes s'écoulent....enfin enfiler la chaquetilla, et revêtir définitivement l'étoffe du héros.
Quelques instants pour soi, puis partir rejoindre les arènes.
Plus un mot, plus un échange de regards , instants d'intense solitude que ni le bruit, ni la foule ne viennent briser.
Dans les pas de celui que tout le monde attend , le cœur battant chamade, de bleu nuit et or , capitan de su alma et torero de la tête aux pieds Jeremy part défiler à la rencontre de sa passion, de sa vie, de son destin.







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