mardi 11 août 2015

Samouraï

Petit de taille, Guillermo Valencia passe plutôt inaperçu dans un patio de caballos.
Le costume de lumières ne le met pas suffisamment en valeur pour attirer les regards au détriment de ses collègues.
A Parentis, on aime les gros toros, on aime les picadors, on n'aime pas l'encaste Domecq , bref on est à contre-courant de la mode taurine dominante.
Avec la réputation de l'endroit , côté de l'escalafon novilleril, ça ne se bouscule pas au portillon pour défiler au son de Carmen...
Côté toreros , souvent s'y côtoient des oubliés, des morts de faim, des motivés.
Le colombien est pour tout dire un peu de tout ça.
Pourtant après son premier combat, son excellent opposant de  Los Maños était reparti se faire dépecer dans le patio, sans qu'il ait trouvé son maître sur le sable.
A mi-faena après une terrible et angoissante voltereta, Valencia avait opté pour une cessation anticipée des hostilités, compréhensible, mais terriblement frustrante eu égard au comportement de ce bel exemplaire de l'élevage aragonais, qui se vit priver d'une possible vuelta al ruedo posthume.
Sortit le 3 bis, le dénommé Tostadino dont à la vision des cornes on comprit vite pourquoi il était destiné au seul rôle de sobrero.
Du kilo, du bois , de la présence en piste...le prototype du manso con casta...de ceux qui vous enterrent définitivement si vous passez à côté.
Face à ce cauchemar, Valencia a décidé de tout donner sans fard , ni chichis.
Tauromachie à cru faite d'engagement et de courage brut.
Des passes longues, conduites, tirées de bout en bout, corps offert...vibrante faena pour le souvenir.
Loin, très loin de la tauromachie esthétisante et reposante des artistes de renom.
Haïku japonais, chaque muletazo est une émotion de l'instant, moment qui passe et qui étonne.
Nul besoin de scénographie..la vérité simple et nue.
Le novillo ne se laisse pas faire, il fait mordre la poussière à son adversaire.
Livide et chancelant , Valencia se relève pour repartir au combat.
Dans un dernier duel , il bascule sur la corne pour plonger son épée de samouraï dans les entrailles  de Tostadino.
Le novillo vacille et tombe, les oreilles aussi...

La tension se relâche, les sourires reviennent....
Reflets d'une illusion ...le succès et l'espoir...



1 commentaire:

  1. Sans arrière pensée callejonnesque: bièèènnn!
    Quelle matinée!! Heureux de t'avoir croisé.

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