En fait, il est un cas qui échappe à la classification.
Il satisfait à la fois les amoureux du toreo artiste et les tenants d'une certaine morale taurine qui exige des toreros le "respect du public". Les mêmes qui avaient du mal à suivre Curro ou Rafaël dans leur dérobades éhontées et leurs démissions sans scrupules. Morante "fait honneur à la profession", comme se plaît à le souligner le commentateur de Canal Plus, Manolo Moles.
Souvenons-nous des hésitations crispées du pharaon ou des fuites éperdues du jerezano qui frisaient le grotesque. Morante lui n'est jamais ridicule, même dans ses échecs. En ce sens, il est difficile de l'inscrire dans la même lignée. Morante, depuis quelques saisons, est une valeur sûre.
Pourtant, oserais-je confier que le "tout ou rien" de ces artistes géniaux mais fragiles me manque. J'avoue que je les appréciais autant pour la radicalité de leurs débâcles minables que pour l'absolue perfection de leurs triomphes. Ils étaient une image de l'intensité de la vie, d'une certaine fureur de vivre, heureusement éloigné de la valeur moyenne. Dont les arènes doivent rester le théâtre.
Le romantisme n'est plus ce qu'il était?
RépondreSupprimerS'il n'a pas encore disparu, il y a un je ne sais quoi de génant à constater que Morante devient une valeur sûre (cf article sur aparicio).La tauromachie évolue semble t'il avec son temps et je maintiens tout en le regrettant que Paula à part à Jerez ne trouverait aujourd'hui plus un contrat.La crise actuelle vide les arènes et offre un trop joli prétexte aux organisateurs pour ne plus prendre de risques.Les vedettes de l'escalafon privilégie le medio toro pour aller prendre de la monnaie sans risques excessifs , les empresas de plus en plus privilégie le médio torero celui avec qui on ne va pas prendre le risque d'un pétard majuscule.Curro et Rafael étaient toreros ne l'oublions dans une période (les 30 glorieuses) où la population avait faim de vivre, Morante torée dans une période où le blasement est la règle et où l'on oublie de vivre.Même si elle le devrait, la corrida n'échappe pas à cela.
Oui, tu as raison mais n'oublions pas que Paula, qui a pris l'alternative en 1960, a mis quatorze ans avant de la confirmer à Madrid. Et pendant ce temps qui connaissait son existence à part quelques amateurs éclairés et ses paisanos? De tous temps, ce type de torero a connu la marginalité. Evidemment notre époque de la culture du résultat et de la rentabilité n'arrange rien, c'est le moins qu'on puisse dire.
RépondreSupprimerL'article del Papa Gato est intéressant et m'inspire nombre de commentaires.
RépondreSupprimerTout d'abord, je ne suis pas d'accord avec le Bison Futé concernant Morante.
Morante fait une temporada exceptionnelle mais de là à dire qu'il devient une "valeur sûre" au sens péjoratif du terme, je ne le crois pas..
Quand bien même son toreo aurait mûri et ses succès seraient plus récurrents, il n'en demeure pas moins que l'émotion que sa tauromachie suscite, repose sur une forme de fragilité..
Fragilité qui l'expose constamment à la blessure grave et aux "tardes" médiocres, malgré tout.
Mais là où je rejoins El Bison Futé, c'est qu'il est essentiel de repositionner des artistes comme Curro ou Rafael de Paula dans leur contexte.
Le Papa Gato a connu une époque taurine certainement plus romantique qu'aujourd'hui qui est révolue.
Mais je pense que les effets pervers de la rentabilité économique du spectacle taurin ne sont pas la première cause de la dégradation de ce spectacle.
Comme toute autre discipline et ce depuis sa création, la tauromachie évolue, tout simplement. Et donc, son visage change.
Les toreros d'aujourd'hui sortent tous d'écoles taurines. Ils savent tout sur tout et sont capables de faire passer un toro.
Il est certain qu'un Raphael de Paula pouvait sur une même série, faire une passe de survie et dans le même mouvement, une seconde d'une pureté artistique inégalable.
Nombre de discipline connaissent le même sort.
Rappelez-vous les débuts du Paris Dakar et de ce qu'il est devenu aujourd'hui.
Un pilote qui se trompait dans sa navigation pouvait mourir de soif, perdu dans le désert.
Aujourd'hui, ils sont tous suivis par satellite et le désert est devenu un parc d'attraction, ni plus ni moins, réservé aux plus fortunés.
Et les exemples abondent.. c'est la vie, ce que l'on nomme communément le progrès.
Cela nous laisse 3 alternatives.
Se désespérer de ce que l'on regarde, finir aigri et vivre dans ses souvenirs.
Faire un transfert sur une autre discipline extrême moins défraichie par la main de l'homme.
Ou enfin, aller de l'avant, croire en l'homme et penser qu'un jour un nouveau grand torero ou grand éleveur fera prendre un nouveau virage à 180 ° à l'art taurin et ouvrira de nouvelles grandes perspectives à la tauromachie.
Don Diego de la Vega dit "le Platon du pauvre"
Belle analyse, mais je ne qualifierais pas Morante de romantique, et qui plus est, en quoi le succés (mérité) de Morante serait gênant ?
RépondreSupprimerMorante est plutôt baroque, "rock'n roll" et j'aime son attitude dans le ruedo ! una presencia extraordinaria y una actitud de Dios!
Parenthèse : je n'ai jamais vu Morante partir en courant vers la barrera sauf pour fumer un havane entre 2 faenas !!!
No otro comentario.
Robert Ribe (source facebook)
oui!!! rock et baroque....tout ce que j'aime!!!!!
RépondreSupprimerMichele Viala Duluc (source facebook)