samedi 3 août 2013

Les larmes de Leo


J’entends déjà l’aficionado "a los toros" rire sous cape , perfidie à la bouche et sourire narquois en coin !Alors cette soirée , héroique ?
Il est vrai que les fantaisies de communication de J.Lescarret avaient poussé le bouchon provocateur un peu loin: héros des temps modernes qu’elle proclamait l’affiche !
Avec  les novillos de Salvador Domecq au programme on pouvait redouter plutôt du slip rouge sur collants bleu d’un héros de comics de chez Marvel, plutôt que la chevelure au vent , torse en avant et biceps saillants de celui d’une histoire d’heroic fantasy.Ce ne fut ni l'un , ni l'autre en fait.
De tout cela, il n'en avait que faire Léo.
Léo est un petit bonhomme aux bonnes joues et au regard espiègle, dont les yeux ne sont qu’admiration pour son papa Julien.
Dans les bras de maman, il profitait tranquille de la bonne humeur qui régnait dans les gradins, ses bulles de savon qu’il s’amusait à souffler, dans leur course lente et tranquille venaient s’écraser dans le ruedo. Applaudissements, musique... tout n’était que légèreté.
Au dernier de l’envoi (excellent au passage), l’ensemble des matadors présents  (au programme ou non) se partagèrent le plaisir de donner quelques passes.
Bien entendu Julien sortit en piste, capote en main.
Soudain Leo se fit plus grave et son cœur d’enfant se serra sûrement jusqu’à appeler son père la voix pleine de sanglots, le temps de nous rappeler à tous que tout spectacle taurin charrie son potentiel de drame et que quelque soit le programme proposé il faut savoir s’en souvenir.
Dès que le quite s’en fut fini, le visage du petit garçon à nouveau s’illumina et il participa la mine réjouie à l’ovation.
Les enfants sont toujours là pour nous rappeler l’essentiel et nous incitent à savoir pour un temps laisser tomber la carapace pour savoir aussi profiter sans arrière-pensée des moments de partage.
Le festival de Mimizan à ce titre valut pour la prestation que l’ensemble des matadors livra face au dernier S Domecq.
Trois piques en s’employant, une noblesse allègre et répétée des deux côtés qui permirent entre autres d’admirer les véroniques mains basses de Patrick Varin, les doblones d’ouverture de Jeremy Banti, les passes de face de Rafael Cañada, et la grande estocade de Roman Perez. Un moment de fêtes et de communion où l'union fait la force, où chacun se relâche pour offrir le meilleur de lui-même sans fard ni chichi.
Cette soirée sans faire de psychologie de comptoir a deux balles, a semble t'il aussi permis à Mathieu Guillon (désolé mais j’ai du mal avec El Monteño) de sortir de la léthargie dans laquelle il est plongé depuis pas mal de temps. Le chemin est encore long mais il est emprunté c'est déjà ça.
Au final peut-être pas des héros bien entendu, mais des hommes avec leurs histoires et leur fêlures et pour un soir des sourires ceux d'un bonheur simple celui de pouvoir toréer.

*photos de ®michel campistrau (avec son aimable autorisation)

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