mercredi 26 novembre 2014

Le temps qui passe

"C'est drôle, la vie. Quand on est gosse, le temps n'en finit pas de se traîner, et puis du jour au lendemain, on a comme ça 50 ans."
Le cinéaste JP Jeunet faisait dire à un de ses personnages d'Amélie Poulain , cette réplique qui fut mienne il y a quelques semaines quand ce fut mon tour de me réveiller dans cet état du " vieux" qui s'ignore.
Enfin quand je croise le dur regard de mon miroir , les cheveux blancs, les traits épaissis , les yeux qui se marquent un peu plus chaque jour sont un rappel permanent à un minimum de lucidité .
Et si ça fait longtemps maintenant que je réduis au strict minimum les festivités liées au temps qui passe, c'est sans effet ni pouvoir sur l'inéluctable ordre des choses.
Tiens la disparition récente de Manzanares, ça m'a foutu un coup derrière le cornet. Dès ma première rencontre en tauromachie, Jose Maria Dolls était déjà en piste.
Pour mon regard d'enfant Manzanares est éternel , il ne peut pas mourir car à 10 ans la mort c'est du cinéma....
61 ans, la vie consumée par tous les bouts possibles. Il a bien vécu parait-il, la belle affaire!!61 ans c'est bien tôt quand même pour partir!
Bon bref , nostalgie mise à part, conscient sûrement que les grains du sablier s'écoulent inexorablement, j'ai vécu une temporada "carpe diem".
Quand je vois quelques jeunes ou moins jeunes venir s'asseoir sur les gradins pour distiller course après course un tel fiel, on en vient à penser que leur foie est tellement gras qu'il leur gâche en permanence l'humeur.
Au nom de la doctrine et du dogme combien m'en suis je foutu en l'air des après-midi entières?
Alors sans naiveté , ni illusion sur ce qui se passe en coulisse j'ai décidé de prendre le plaisir là où il se trouve.
C'est vrai que quelquefois je ne paye pas ma place car cafard de callejon , je rampe jusqu'à mon burladero pour prendre des photos (une autre passion) en collaborant pour un site officiel (promis j'irais en enfer expier cette inqualifiable faute de goût). Et bien je vais vous dire une bonne chose , si c'est fort intéressant , le plus clair de mon temps je paye mon billet pour courir les arènes.
Et je ne l'ai pas regretté car à force de croire qu'avec le temps j'en verrais de bien belles choses n'en ai je pas simplement oublié de profiter du temps présent?
D'une journée entre amis faites de rires et de bons moments à Mugron, à un dernier petit tour dans la très charmante arène de Rion, l'ennui ne s'est pas souvent invité à mes après-midi.
La Maestranza et sa lumière dorée, l'émouvante et impressionnante Las Ventas, les bonnes soeurs d'Azpeitia admirant de leur couvent les estampes de Pedraza, l'hymne à l'amour par Chicuelo II sur une faena toute de douceur et de sens artistique du revenant Joselito, la guerre de tranchée vicoise qui opposa le modeste Lamelas au terrifique Dolores, le désormais célèbre Cantinillo ,le chant flamenco hommage d'un spectateur de Sanlucar pour Padilla, les douces caresses de Morante aux toros de rencontre, le bonheur du campo furent autant de moments de se réjouir .....et j'en oublie tant d'autres.
Alors oui , le temps passe et file sans s'arrêter alors profitez, profitons.....nous aurons toute l'éternité pour critiquer.



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