mardi 29 septembre 2015

Tue-l'amour

Logroño, Diego Urdiales est sur ses terres, lui d'Arnedo si proche.
Il s'avance lentement sous l'ovation qui l'invite à saluer à l'issue du paseo.
Il fait partager à ses compagnons de cartel ce moment de tendresse du public.
Plus tard, il trouvera un terrain d'expression pour son classicisme et le chic d'une tauromachie de vérité sans fard ni subterfuge.
Un Las Ramblas noble et sans vice , un Jandilla et sa charge piquante plus tard, trois oreilles en poche, Diego sort triomphant et radieux.
Logroño? Découverte totale.
Une ville charmante où dans le Casco Antiguo , les jours de fêtes de la San Mateo une foule familiale remplit les rues de la ville pour partager des moments de convivialité tranquille.
Chuleton cuit sur des sarments à même le sol et dégusté au son d'un orchestre folklorique tout droit sorti d'une Espagne aujourd'hui disparue; pan con tomate y jamon avalé avec un petit coup de rouge chez les flics locaux qui pour l'occasion permettent l'envahissement de la cour de leur batiment principal, l'émotion des moments vrais, moments de partage ancrés profondément dans la culture du coin.
Le Rioja se boit facilement et se marie très, très bien avec les brochetas de langostinos y piñas de chez Juan y Pinchame bodega de la calle Laurel.
Dehors, les bandas défilent au gré des rues qui grouillent d'une foule bigarrée et chaleureuse.
Pour la San Mateo, Logroño se fait aussi ville taurine.
Quelques affiches ornent les tôles ondulées et les murs abandonnés.
Un petit con ou bien était-ce une petite conne, en a barré quelques unes d'une écriture au marqueur noir."Tortura no es cultura".Y'a des coups de pieds au cul qui se perdent même ici!
Soucoupe de béton sortie de la même imagination d'architecte que celles de San Sebastian, les arènes de La Libera modernes et tristes trônent au milieu de nulle part dans une cité dortoir au sortir de la ville.
Sur le parvis, l'ambiance monte mollement.
Quelques revendeurs s'engueulent..il faut dire que vu la fréquentation du lieu , les affaires ne battent pas leur plein.
Mornes, froides, grises et poussiéreuses, les coulisses des arènes neurasténisent.
Quelques néons blafards pour seules sources de lumière finissent de déshumaniser l'endroit.
Dans les coursives, des photos noirs et blancs rappellent qu'à deux pas de là, trônaient il y a encore quelques années la Manzanera, premières arènes de Logroño détruites dans les années 2000. Du lourd et de l'épais sortaient des chiqueros à l'époque.
Gradins au confort imparfait et murs chargés d'histoire , les images nous amènent rapidement vers un ailleurs taurin, plus fort, plus dur, plus vrai.
Dôme ouvert sur un ciel bien bleu, et pourtant impression perpétuelle d'être enfermé, la Ribera véritable tue l'amour elle, n'a aucune âme.
L'espace d'un instant j'ai imaginé Diego Urdiales dans la cocotte minute de la Manzanera , l'espace d'un instant seulement pour ne pas perdre une miette de cette belle démonstration de tauromachie.
Les ovations se sont envolés vers les structures métalliques et la musique a résonné dans un écho de mauvaise qualité mais le plaisir n'en fut heureusement pas gâché ou si peu.
Curro Romero spectateur attentif et heureux applaudit de bon cœur...et ce que le pharaon apprécie ne peut être que de bon goût...même dans un tel écrin

2 commentaires:

  1. Merci pour cette resena. La mode semble bien ancrée des arenes en forme de cocotte minute. Quelle horreur!
    Heureux en tous cas que Urdiales confirme sa grande forme et montre ce que le vrai toreo a de magnifique.

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  2. Mercredi 23 septembre. Je n'avais jamais mis les pieds à Logroño. J'arrive aux arènes 2h30 avant la course; cette première vision a quelque chose d'angoissant à tel point que je me demande si je ne me suis pas trompé d'endroit.
    A 17h45 la vie est enfin là.
    Et puis c'est le mano a mano improvisé. Urdiales/Castella. Castella/Urdiales. Deux tauromachies...vraiment très différentes? oui et non. Mais l'engagement est le même, la ténacité est la même, le courage est le même. Une grande corrida; une vraie corrida de toros; deux immenses toreros au faîte de leur art.
    Jean

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