jeudi 14 avril 2016

Comme une évidence

Assis au 1er rang du sol alto, Gregorio, vieil andalou, pleure.
Des larmes coulent le long des sillons de son visage buriné.
Son "Manue" , celui dont il s'est occupé quand il était jeune apprenti torero , vient de connaître ce qui sera sûrement le sommet de sa carrière.
A quelques rangs plus bas , nous sommes un certain nombre à pudiquement exprimer notre joie,les yeux humides remplis d'un trop plein d'émotions qu'il faut arriver à canaliser.
Sur la sable de la Maestranza , Cobradiezmos, extraordinaire toro de Victorino Martin, attend de rentrer dans les corrales après avoir livré un combat d'une incroyable intensité.
Prisonnier sans barreau, il fallait le voir Cobradiezmos faire l'avion, muffle au ras du sol , charge vibrante infatigable lutteur.
Au fil des minutes , une boule me gagne la poitrine, seuls quelques mots sortent de ma bouche : quel toro, quel toro...
Les premiers mouchoirs sortent des poches et s'agitent...
Douce et suave , une marée blanche envahit les gradins.
Escribano profite encore et encore de Cobradiezmos...
Le mouchoir orange tombe du palco.
Nos regards se croisent, tout n'est que sourire...
Cobradiezmos prend le temps de sortir et laisse les cabestros devant lui, emprunter le chemin du retour, bouche close , port altier , le chemin du campo s'ouvre à lui.        
Un moment de bonheur tout simple , sans hystérie aucune, qui s'impose à nous...comme une évidence.
La vie est belle!

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