dimanche 26 août 2018

Le devoir de l'essentiel

Vingt cinq août , vingt heures cinquante trois.
Les sièges bleus de Vista Alegre se teintent de blanc.
Une marée montante de mouchoirs a innondé Bilbao, le cœur des basques craque.
Sur le sable gris, Diego Urdiales savoure.
Des naturelles dessinées d'un seul trait, la muleta caressant le sol…
Des points de dentelle au secret bien gardé, comme autant de paraphes au bas d'une oeuvre de haut vol.
Point de ronds incessants qui étourdissent l'esprit , symboles d'un monde qui ne prend plus le temps de rien, tauromachie d'une époque presque révolue où les passes se suffisent à elles-mêmes.
Pas d'esbrouffe , pas de fard, la pureté d'une beauté classique comme unique viatique d'une tradition que les mécaniques industrielles ne pourront jamais imiter.
La musique qui accompagne cette faena est de trop, l'essentiel n'a pas besoin d'artifice.
Chaque muletazo relève d'une liturgie qui unit les spectateurs dans une communion extatique qui échappe à la raison.
Dans le crépuscule naissant de Bilbao, Diego Urdiales ne parait pas, il se contente d'être pour affirmer sa vérité et la jeter, nue, aux regards de tous.
La fraîcheur du soir n'est pour rien dans les frissons qui parcourent les échines.
Quand Gaiterito, toro d'Alcurrucen passe de vie à trépas, Diego, regagne à pas compté le centre du ruedo.
Pourquoi hâter le cours des choses? Ceux qui savent, savent et nul besoin de les racoler dans ce qui serait une faute de goût du plus mauvais effet.
Les oreilles tombent, les vivats emplis de gratitude s'envolent en continu dans le ciel de Biscaye.
Urdiales sort triomphant.
Les projecteurs peuvent bien s'arrêter de briller , le rideau peut bien tomber et les gradins peuvent se vider...merci pour ce moment!





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire