Duel au soleil

En 2012, si vous cherchez l'un , vous trouvez  l'autre à ses côtés!
I.Fandino et D.Mora sont devenus, à la force du poignet et après bien des batailles, les mascottes officielles des organisations en mal d'originalité et de liquidités.
Dans toutes les ferias d'importance, nous aurons droit à ce duo de choc!
Après un mano à mano initial madrilène raté faute à un bétail sans race, les duettistes étaient à Seville pour passer au révélateur des Victorino .
Si côté costumes les deux hommes arboraient des harmonies étrangement similaires, côté piste le basque se détacha clairement du madrilène.
Et avant le grand barnum Isidril qui précédera le traditionnel marathon de l'été, c'est sur le natif de Biscaye que je vais mettre une piécette pour le voir se détacher au fil de la temporada.
Cultivant ce côté dandy au sourire enjoleur, David Mora a choisi l'élégance que lui confère son physique, comme viatique.
Dans une tauromachie qui se veut puissante, il soigne la posture et sait arracher le olé dans ses réceptions de cape.
Muleta dans les mains, sa grande stature l'oblige a toréer quelque peu cassé sans pour autant expliquer le défaut récurrent qu'il a, de laisser une distance respectable entre lui et l'animal.
Sa tauromachie bien qu'élégante mais souvent à mi-hauteur renforce cette superficialité latente.
Une tauromachie de belles promesses certes, qui ne sont malheureusement pas toujours tenues.
Face à ses Victorino qui ne furent pas toujours d'agréable compagnie s'éteignant et tournant de plus en plus court au fur et à mesure de la faena, il fut mis en difficulté technique et eut du mal à trouver les réponses adéquates aux problèmes proposés.
Avec Ivan Fandino, le registre est bien différent: moins soyeux certainement, mais plus engagé assurément.
Il propose une tauromachie plus fondamentale et dominatrice, tauromachie qui baisse la main et oblige le toro à se soumettre et à se livrer.
C'est ce qu'il sut offrir dans ses trois combats sevillans et lui permit de lier des séries de valeur. Comme epée en main il se montre sincère et efficace, il possède pas mal d'atout pour glaner avec régularité les succès.
Seville sut récompenser cette sincérité non dénuée de style même si comparé au madrilène le basque est brusque!
Une fois passé le vent de fraîcheur relatif de la "nouveauté" dû à ces deux trentenaires, pour durer il leur faudra confirmer et qui plus est convaincre un public de plus en plus exigeant.
Et si à ce petit jeu I.Fandino m'apparait mieux armé que D.Mora, le monde du toro n'ouvre pas toujours en grand les portes du succès à ceux qui savent s'engager ce que peut constater le trop austère Sergio Aguilar qui voit définitivement(?) passer le train de la réussite incapable qu'il est de transmettre l'émotion de sa sincérité et de sa main gauche aux tendidos.
La tauromachie c'est aussi de l'image et du rêve, David Mora l'a bien compris et sait surfer sur cette vague, Ivan Fandino a choisi un chemin différent qui m'apparaît plus vertueux.
Le duo a toute une saison pour s'affirmer et revendiquer une place d'incontournable dans le monde actuel de la corrida.
La vérité les attend à la sortie des chiqueros et décidera en fin de saison du gagnant de ce duel à répétitions bien qu'au final il faut espérer surtout que ce soit la tauromachie qui en ressorte victorieuse!

D MORA-Bilbao Août 2011-toro de Nunez del Cuvillo

I FANDINO-Orthez Juillet 2010-toro de Dolores Aguirre