samedi 3 octobre 2015

La couleur de l'honneur

Une heure du mat', Las Ventas règne en maîtresse absolue sur son parvis.
Encore en lumières l'édifice en impose. C'est à peine si le silence de cathédrale est cassé par le rire et les cris de quelques post-ados alcoolisés.
Je marche d'un pas las, fatigué de la route avalée l'après-midi et, repu d'avoir essayer de vaincre mon assiette de colchinillo de la casa Botin qui se proclame le plus vieux restaurant du monde.
A pas comptés j'emprunte bien malgré moi le chemin que quelques heures plus tôt Alberto Lopez Simon a fini par suivre après sa sortie par la grande porte des arènes. L'infirmerie toute proche a dû accueillir encore une fois le torero avant le départ en ambulance.
Transpercé , à nouveau, son corps a été meurtri.
Face à des Puerto de San Lorenzo dont l'activité principale fut de chercher quelle était la barrière la plus sympa pour se protéger, il a donné son corps, son coeur et son sang pour triompher.
Tauromachie de vérité qui prend aux tripes et noue l'estomac.
Au delà de la douleur,  Lopez Simon,  nous offrant sa vie dans une quête d'absolu a fait chavirer les gradins.
Émouvante bataille livrée pour la gloire,  de celle qui pose à jamais un torero dans le cercle des plus grands, plus qu'un torero un homme tout simplement.
Quelques heures plus tôt, le madrilène avait décidé que le costume bleu cobalt qu'il finira pas porter n'était pas assez bien pour ce grand jour.
Dans les ateliers de chez Fermin, toutes les petites mains livrèrent bataille. Le combat sera finalement perdu pour lui confectionner le costume rose et or donc il voulait.
A l'impossible nul n'est tenu et pourtant Lopez Simon nous prouva presque le contraire en une après-midi pour le souvenir.
Aujourd'hui le costume est prêt,  il ne sera pas porté, le bleu restera la couleur de l'honneur et du courage.
Lopez Simon regardera peut être à la télé dans sa chambre d'hôpital son remplaçant et ami Gonzalo Caballero prendre une alternative aussi impromptue qu'improbable.
Comme quoi et c'est heureux les supers héros de la vie moderne ont quelques limites ...


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