lundi 16 novembre 2015

Un petit coin d'Andalousie

Perdu entre Seville et Ronda, ce village ne paie pas de mine.
Il a la blancheur sans grande grâce de ces endroits écrasés par le soleil, qui n'a cure des prémices du réchauffement climatique, pour s'inviter à briller plus souvent qu'à son tour.
La coopérative locale presse de jour et de nuit l'huile d'olive une fois la récolte faite, seule concession à un monde qui ne prend pas le temps de vivre.
A Montellano la fête, le partage sont des vertus qu'on aime à développer.
On y compterait presqu'autant de bars que d'habitants.
Un charme des endroits vrais loin de ceux que l'Andalousie sait aussi proposer aux touristes, prêts à s'encanailler à coup de clichés et d'espagnolades, pas toujours bon marché .
Chez Boby, faut le voir le patron derrière son comptoir!
Accent de rocaille, du gracias à tout bout de chant pour créer du lien.
Comme caisse enregistreuse, il utilise la poche du pantalon d'où sort à intervalles réguliers  une liasse de billets sous élastique. Il paraîtrait qu'un  jour un étranger au village a pu payer avec une carte bleue...mais c'était il y a bien longtemps et seuls quelques anciens racontent ça à leurs petits enfants les jours de pluie et de froidure.
Faut dire que pour 5 bières 1 tapa de jamon y 1 tapa de queso, tu as juste besoin de sortir le billet de 10 euros. Les prix ronds facilitent le commerce!
Il est plus de minuit, et chez Cantaros, on te sert encore. Salmojero, gambas, fino, vino...
Ca ne se bouscule pas en ce début de semaine, hier encore ça grouillait un peu partout jusqu'à tard et avec la reprise du lundi les organismes sont fatigués.
Pepe bon patriarche et son équipe familiale, restent pourtant fidèles au poste pour servir le client.
On y croisera un jour fatalement Manolo peintre en bâtiment, DJ local et torero practico à ses heures.
Son fils se prénomme Manuel Jesus ...un hommage au Cid...
El Cid lança sa carrière à Bayonne en 2002.Pourtant Manolo, fort aimable et qui parle volontiers de toros, ne situe pas l'endroit, mais alors pas du tout. Nîmes et son amphithéâtre à la rigueur, mais alors Lachepaillet ...
Bayonne pour lui c'est rien, le néant...l'andalou aime trop sa terre pour se risquer à la quitter et s'ouvrir complètement au monde.
Avec cette douceur de vivre, cette convivialité on peut le comprendre. Pourquoi aller chercher ailleurs ce qu'il a déjà chez lui?
Il faut dire qu'on se contente de peu ici.
C'est peut-être ce qui a attiré, Virginie et Bertrand, deux nîmois qui vivent à demeure.
Depuis que leur petite dernière est née, ils pourraient ouvrir un commerce d'articles pour bébé.
La naissance d'un gamin est une fête et nombre de villageois y vont de leurs présents pour honorer la venue au monde de la petite fille.
Gentillesse et dévouement ne sont pas les dernières qualités des gens du cru.
Un paradis perdu? Non un endroit simple comme il en existe sûrement des dizaines dans ce coin d'Espagne, mais un endroit si compliqué pour ceux qui comme beaucoup d'entre nous pensent toujours à demain et négligent les petits bonheurs de l'instant présent.
Bientôt les préparatifs des charriots de la romeria vont reprendre de plus belle et occuper nombre de week-ends.
Ca sera autant d'occasion de rire , boire et danser.
La romeria permet de trimballer en musique, San Isidro Labrador le saint patron de la ville ,un jour du mois de mai, parés de ses plus beaux atours, montés sur de fiers chevaux savamment préparés, ou marchant simplement pour reprendre en cœur les coplas et les chants qui ne s'arrêteront que fort tard dans la nuit .
C'est sûrement dans ses jours là , que l'on entend battre le cœur de la vraie Andalousie.
En prenant mon dernier petit dej' chez l'ami Boby, j'suis à deux doigts d'accepter le chupito proposé pour oublier...pour oublier que je vais repartir chez moi, pour oublier que ma vraie vie et ses turpitudes crasses et souvent cons m'attendent au retour.
Oublier que cette vie andalouse n'est pas pour moi et n'est, qu'une douce utopie que je caresse de temps en temps lors des ces rendez vous furtifs.
Andalousie maintes fois rencontrée, Andalousie maintes fois quittée...pour mieux se retrouver!







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